« Ceci n’est pas un karaoke Libertines ! »
C’est en ces mots que Carl Barât, pour son deuxième concert à Paris en tant qu’artiste solo, tente de calmer le flot incessant de cris émanant du public réclamant des chansons du groupe qu’il avait formé avec Pete Doherty. Il semblerait que même après sa deuxième formation, Dirty Pretty Things, puis son album solo sorti il y a peu, Carl Barât ait toujours autant de mal à faire comprendre à son public que le groupe n’existe plus, et qu’il est là pour autre chose ce soir.
Pourtant, lorsque les premières notes de
The Magus retentissent, au milieu de la magnifique salle du Trianon, on se dit que l’endroit est le cadre rêvé pour les morceaux langoureux et classieux que le bonhomme nous a livrés à l’automne dernier en guise d’album solo. Malheureusement, cela n’a pas l’air de toucher le public parisien, qui applaudit poliment, mais semble attendre autre chose… Le single
Run With The Boys ne suscite que quelques timides ovations, et puis vient le moment de jouer le premier titre des Libertines… le public commence enfin à s’agiter. La différence de réaction est tellement flagrante que c’en est presque tragique. Carl Barât semble s’en rendre compte, et lui qui est de nature assez timide, tente de capter l’attention des fans en parlant entre les morceaux, faisant l’effort de s’exprimer en français, mais la sauce ne prend pas.
Malgré un groupe cohérent, composé pour moitié de membres de sa famille (son petit frère Ollie à la guitare et sa belle-sœur Amy Langley au violoncelle), l’ambiance dans la salle reste proche du point mort, à l’exception des morceaux des Libertines. Le phénomène est encore plus flagrant que lors des concerts de Pete Doherty, et au bout d’un moment Carl Barât semble sujet à une sorte de défaitisme : c’est sans aucun sentiment qu’il chante
What Have I Done et son dernier single
Death Fires Burn At Night.
Heureusement, arrive le moment du petit set acoustique, qui sauve quelque peu les meubles en suscitant un semblant d’émotion dans la foule pendant
Grimaldi, très réussie, et sa chanson fétiche,
France, notamment lorsque son frère Ollie se lance dans un solo de guitare électrique des plus poignants, à faire pâlir d’envie Peter Doherty. Une fois le groupe de nouveau au complet, pour le rappel final, la surprise vient du morceau
This Is Where The Truth Begins, des Dirty Pretty Things, issu de leur second album, qui vient rappeler que tout n’était pas à jeter dans la discographie de ce groupe.
Pour finir, Carl Barât tente de faire durer un peu un suspense factice en prétendant tergiverser avec ses musiciens sur le choix du morceau final, et c’est sans aucune surprise que vient
Time For Heroes suivi par
Don’t Look Back Into The Sun, autrement dit les deux morceaux des Libertines les plus enclins à déchaîner les foules. Malgré ce petit regain d’intérêt, le concert laisse un arrière-goût un peu amer, comme une impression d’inachevé.
Il est évident que le public n’est que très modérément intéressé par l’aventure Carl Barât en solo, et l’on quitte le théâtre du Trianon sans savoir si l’on doit être triste pour l’ancien Libertine, ou juste indifférent.