Enjoy Destroy

Six mois tout juste après un premier album salué de manière unanime par la critique britannique, Enjoy Destroy remet les compteurs à zéro en commettant cinq compositions inédites sous la forme d’un EP éponyme. L’occasion nous est donc offerte de vérifier si le combo power pop au look propret surfe toujours sur la vague du rock policé et conventionnel, initiée il y a plus d’une décennie par le maître à penser Feeder ou bien s’il est parvenu à se forger une véritable identité musicale.

Les guitares torturées, à la manière d’un regretté Kinesis jouissif et explosif, du solo du morceau qui amorce la galette, le bien nommé Rifles, répondent très rapidement à nos interrogations en ajoutant à un refrain musclé une dimension humaine, presque animale, qui faisait un peu défaut jusqu’à présent. Et nous ne sommes pas au bout de nos bonnes surprises, puisque les titres suivants, Holiday Lover et surtout Something Else, nous replongent instantanément, pour notre plus grand bonheur, dans l’univers étouffant et incisif du rock authentique des années quatre-vingt-dix incarné durant de nombreuses années par son fer de lance 3 Colours Red, en touchant du doigt la grâce et l’excellence d’un Pure.

Ainsi, à l’instar de Pyrotechnic Eyes à la construction très enlevée, revient-on aux sources d’un courant musical où les guitares déroulent avec virtuosité leurs riffs acérés sur une rythmique débridée et urgente. Et force est de constater que Enjoy Destroy réussit finalement là où tous les prédécesseurs, et The Wildhearts en tête, ont échoué malgré de multiples tentatives. Faisant désormais partie de la cour des grands, au même titre que le brillant Johnny Panic dans un registre sensiblement différent, il ne reste plus au quatuor qu’à instiller un soupçon de nuances, un zest de subtilité et un grain de folie dans ses compositions en vue de nous faire atteindre le nirvana.