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Hotel Lux

The Bitter Cup

Hotel Lux - The Bitter Cup
Chronique Album
Date de sortie : 14.11.2025
Label : Hotel Lux
45
Rédigé par Bertrand Corbaton, le 11 novembre 2025
Il est des groupes qu'on ne voit pas réellement venir. Ils font certes partie du paysage, mais on ne s'attend pas forcément à les voir livrer un album aussi abouti que le brillant The Bitter Cup que nous offre aujourd'hui Hotel Lux.

Pour ceux qui auraient manqué quelques épisodes, ces gars-là sont originaires de Portsmouth, (Lewis Duffin au chant, Cam Sims le bassiste, Jake Sewell à la guitare, Sam Coburn aux claviers/guitare et Craig Macvicar à la batterie) avant de quitter la côte pour les rues plus branchées de la capitale. Le coup de projecteur d'une série à succès n'explique pas à lui seul la réussite des mois écoulés, marqués par une tournée européenne particulièrement réussie et une date mémorable à La Rotonde du Botanique à Bruxelles, où ils défendaient Hands Across The Creek, leur excellent premier album sorti en 2023.

Les plus chanceux auront pu entendre quelques nouvelles chansons présentes sur l'album qui nous occupe aujourd'hui, et qui, à certains des égards, rappelle Hands Across The Creek — notamment par le large éventail de styles que proposent les compositions. Dans une volonté toujours plus affirmée de refuser l'enfermement stylistique, la bande de Lewis Duffin se livre à un véritable exercice, où les textes acides du chanteur rencontrent des toiles de fond musicales allant tantôt vers un post-punk des plus conventionnels — comme sur le solide Costermonger, inspiré d'un documentaire sur le marché de Deptford, ou Nod (Not To The Retrospect), qui n'aurait pas déplu à The Fall période 90 — tantôt vers des titres aux contours bien plus pop, à l'image de The Fear ou de le supersonique Joy.

À d'autres instants, Hotel Lux se plaîsent à se lover dans une musique aux allures traditionnelles, déjà entendues et parfois semblant dépassées, au point qu'on pourrait croire leur âme surannée. Car The Bitter Cup nous transporte dans un temps révolu. Et pourtant, c'est là que réside tout le talent du groupe : il ne s'agit ni de singer ni de réinterpréter quoi que ce soit. Ils déroulent une musique qui sent le vieux cuir et la poussière, à l'image du titre d'ouverture Encore ou du morceau éponyme, sorti tout droit d'un pub sombre de The Hard.



À chaque nouvelle levée de poussière, c'est l'émotion qui surgit : sur Song Of John Healy, hommage doux et mélancolique à l'auteur de The Grass Arena ; sur Evelyn, petite ballade traditionnelle, belle et simple comme un souvenir qu'on ne veut pas abîmer ; ou sur Hand of Mine, merveille de fragilité et d'intelligence, pourtant désarmante de simplicité dès la première écoute. Puis la lumière déchire la brume quand résonnent les premières notes du très sombre Another One Gone. Ce morceau profond, intelligent, s'impose à vous et s'empare de toute votre âme. C'est sublime.

C'est ainsi que Hotel Lux nous transportent : par des textes vifs qui racontent les petites gens que nous sommes, dans leur quotidien, le tout enveloppé d'une musique du passé que le groupe transforme en or. Hotel Lux est peut-être le groupe le plus moderne dans sa manière d'habiter le passé. Il ne cherche pas à révolutionner un genre, mais à l'habiter pleinement. Là où tout semble déjà vu, nos gars parviennent à créer une forme d'intimité rugueuse, une musique qui ne flatte jamais, mais qui touche toujours. C'est absolument remarquable, et vous ne pouvez vous permettre de passer à côté de The Bitter Cup.

C'est un album à protéger, à chérir, comme un objet trouvé dans un grenier, poussiéreux, mais chargé de vie.
tracklisting
    01. ENCORE
  • 02. BITTER CUP
  • 03. THE FEAR
  • 04. JOY
  • 05. HAND OF MINE
  • 06. COSTERMONGER
  • 07. SONG FOR JOHN HEALY
  • 08. ANOTHER ONE GONE
  • 09. EVELYN
  • 10. NOD (TO THE RETROSPECT)
titres conseillés
    ANOTHER ONE GONE, HAND OF MINE, SONG FOR JOHN HEALY
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