Screaming Lights

Tandis que tous les regards se rivent sur la dernière tendance de la mode poprock britannique, en l’occurrence l’incursion dans l’univers darkwave punkisant hérité du début des années quatre-vingt, incarnée ces dernières semaines par White Lies, il est une jeune formation originaire de Liverpool qui tente de se démarquer de ses congénères et de sortir des sentiers battus du cliché éculé par le biais d’une première livraison discographique, le single GMN.

Bien que souffrant d’une production bien moins léchée et percutante que les formations surestimées et surfaites qui ont le vent en poupe, Screaming Lights délivre, sur l’énigmatique GMN, un son urgent, authentique et riche, où les instruments foisonnent par petites touches subtiles. Et on se retrouve instantanément happé dans une atmosphère pétrie d’impressionnisme romantique, à la manière d’un Christan Death inspiré. En effet, aux confins d’influences diverses et variées, comme le microcosme sombre à souhait et chaotique de Joy Division, le nappage de synthés sirupeux et denses à la mode d’un Enter Shiraki privé de sa coloration hardcore, ou encore la dimension électrique des riffs enlevés d’une powerpop soutenue, le combo parvient à se créer une véritable identité musicale.

Plus groove, la face B, Glow, comme son nom l’indique, pétille dans un registre plus conceptuel et minimaliste, nous donnant à découvrir une autre facette du talent de Screaming Lights. Ainsi la voix se fait suave et la mélodie obsessionnelle et épurée déroule ses accords sur un tempo plus pondéré qui n’est pas sans évoquer la lascivité d’un Andrew Eldritch. En conclusion, en guise d’entrée en matière, le quatuor aux multiples cordes à son arc, chose confirmée par les démos disponibles sur sa page Myspace, lesquelles offrent toutes des nuances différentes, frappe un grand coup, réussissant en l’espace de deux titres accrocheurs et magiques, la synthèse parfaite entre inventivité, références classiques et grain de folie.