The Queen's Head

The Queen's Head se forment à l'été 2019, avant le COVID-19, un début difficile pour les rescapés d'un autre groupe qui vient de se saborder et flirte avec la dépression. Mais il en faut plus pour décourager le quintet du sud de Londres, d'autant que Tom Butler et Joel Douglas, les deux chanteurs, jouent ensemble depuis dix ans. Les optimistes diront qu'ils ont pu prendre le temps de peaufiner leurs compositions avant une année 2022 très chargée. De fait, récemment ils ont joué dans les pubs qui font les groupes de Londres : le Shacklewell Arms où ils ont enregistré un concert et le Windmill de Brixton dans lequel ils ont même tenu une résidence cet été. Les pubs, ça les connaît, The Queen's Head est l'équivalent de notre café des sports.

L'expérience des concerts s'entend dans leur musique très enlevée qui maîtrise les breaks, et un chant très entraînant. Ils ont commencé l'année par un tour en studio avec Dan Carey pour un single sur son label Speedy Wunderground, l'autre pépinière de tendances à Londres (black midi, Black Country, New Road, Squid, PVA...). Pour Haunt, qui ne sort qu'en digital, ils se sont attachés les services d'Andy Savours (Sigur Rós, My Bloody Valentine, Black Country, New Road...) qui partage le rôle de producteur avec le chanteur et guitariste Joel Douglas.

Entre leur première expérience au sein The Bulletproof Bomb, et de tels producteurs, il n'est pas étonnant que leur premier EP soit aussi abouti. On y trouve bien l'énergie sans retenu d'un premier opus qui devient le manifeste du groupe, mais les titres, même s'ils puisent dans différents registres, construisent un ensemble aussi cohérent que séduisant.



Les deux chanteurs ont des choses à dire, et leur flow me rappelle aussi bien le dub électrique des The Dead 60's que le hip-hop punkisant des Stereo MCs. Leur pop rock survitaminée agrémentée d'une touche disco et punk mélange habilement les guitares et les éléments électroniques pour une musique engagée et dansante. C'est le pendant électrique du hip-hop des Sad Night Dynamite, duo ultra créatif qui transforme de la musique dépressive en musique de fête.

Comme The Clash ou Primal Scream avant eux, ils pourraient bien rallumer le flambeau des groupes qui inventent un genre en les fusionnant. Parmi les étiquettes qui leur ont été collées, ils aiment doom-funk, trauma-pop et nu-rave dépressive. Moi aussi, j'aime bien, beaucoup même !