TTSSFU

TTSSFU n'y va pas par quatre chemins. Tasmin Stephens, de son vrai nom, est fan de shoegaze et fait une musique qui en reprend tous les codes : couches de guitares, arpèges bien ciselés, accords bruitistes, et bien sûr une voix éthérée. Certes le son n'est pas nouveau, mais il aura le premier mérite de rassurer les fans de Slowdive, Cocteau Twins et plus récemment White Flowers.

Assumer un style, ce n'est pas pour autant se fondre dans un moule. TTSSFU utilise le shoegaze comme un outil et puise dans ses ressources créatives pour écrire des chansons personnelles qui font vibrer les cordes sensibles. Voilà pour l'outil. Pour la matière, ce concept EP est inspiré par la relation compliquée qu'a entretenu Andy Warhol avec Jed Johnson. Tasmin y projette sa propre expérience, d'où le titre Me, Jed And Andy.


Pour ce disque simplement enregistré sur Garageband, la qualité de la production est pourtant bluffante. Le logiciel est gratuit sur tous les MacBook, Apple devrait s'emparer de ce EP bijou pour faire la promotion de ses ordinateurs portables. Tasmin fait donc tout, de la composition aux arrangements en passant par la production et il est rare de voir des artistes qui peuvent combiner toutes les compétences avec talent.

Son arme secrète réside probablement dans la maîtrise des gimmicks simples et efficaces, que ce soit à la guitare sur I Hope You Die ou au synthé sur Asexual qui me fait penser au Depeche Mode des débuts. Sur Baggage elle joue la nonchalance classe avec des montées et descentes de guitares qui font regretter que le morceau ne dure pas plus longtemps, ou qu'Interpol aient perdu leur mojo.

En sept titres, TTSSFU montre que le shoegaze peut prendre plusieurs formes et que la relève est encore assurée pour une génération.