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slate

Deathless EP

slate - Deathless EP
Chronique Single/EP
Date de sortie : 17.05.2024
Label :Brace Yourself Records
45
Rédigé par Laetitia Mavrel, le 16 mai 2024
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Tous les journalistes présents comme passés de Sound Of Violence vous le diront : ils ont toutes et tous à leur actif la chronique du premier essai d'un groupe qui a atteint par la suite la notoriété. Avec la rayonnante scène post-punk d'outre-Manche apparue à la fin des années 2010, légion sont les gratte-papiers à se vanter d'avoir posé leurs oreilles et leur plume les premiers sur les débuts parfois balbutiants mais toujours prometteurs de ces nouvelles rock stars. Et comme nous sommes fidèles, sauf cas d'accident de parcours majeur, nous restons à les encourager, des clubs des débuts jusqu'aux arénas prestigieuses. Il y a évidemment eu quelques pétards mouillés, mais il y a surtout de rares illuminations qui font dire au journaleux en charge du papier que ce groupe-là, c'est du costaud, du sérieux, du qui va rapporter gros, et parmi ceux-là, il y a slate.

Jeune quatuor provenant de la magnifique ville de Cardiff au Pays de Galles, produit par Tom Rees, leader chatoyant de Buzzard Buzzard Buzzard, slate est composé de Jack Shepard au chant, Lauren Edwards à la basse, Raychi Bryant à la batterie et Elis Penri à la guitare. La formation apparue sur la scène galloise il y a à peine un an et demi a marqué les esprits et affolé les compteurs des radios et médias locaux en 2023 avec le single Tabernacl, petit concentré post-punk sobre mais hyper efficace. Ce qui a marqué est la précision du style de slate, avec ces riffs de guitares très aiguisés, et un chant clair qui se pose délicatement mais sûrement sur les mélodies, ici tenu par Jack Shepard. S'en suivit St Agatha qui continua de creuser dans le style d'un cold rock ombrageux et exigeant.

C'est avec leur premier EP intitulé Deathless que slate se présentent officiellement à nous et c'est dorénavant nos cadrans qui s'affolent : ces derniers détiennent un potentiel énorme pour creuser leur sillon parmi la scène toujours foisonnante de l'indie rock britannique actuelle. Et pourquoi donc eux plutôt qu'un autre, me direz-vous ? La réponse est simple : Deathless est un recueil de six morceaux particulièrement soignés et pointilleux s'agissant de la production (merci Tom Rees) et s'écarte du tout venant post-punk actuel en cela qu'il s'immerge en majorité dans une sonorité plus profonde et réellement mélodieuse. Point trop n'en faut semblerait être le crédo : la ligne de guitare est toujours dégagée, son riff plutôt grave et ses échos démultipliés, on ne tombe ainsi jamais dans le bourrin malgré la force déployée. Le titre d'ouverture Remoter Heaven, qui lorgne très agréablement avec la noirceur veloutée du premier album de The Murder Capital, en est la preuve. On retrouve d'ailleurs ce petit quelque chose des débuts de James McGovern dans ce timbre à peine rocailleux car encore un brin juvénile, et ce mélange colle parfaitement avec l'ambiance.

Le rythme s'emballe, la guitare délicate devient rugissante, on passe à des cadences plus marquées notamment sur The Heir qui martèle le pas sérieusement et sur lequel le chant prend bien plus d'ampleur. Le titre passe d'épisodes climatiques tempétueux à accalmies, et cela donne un charisme de taille au tout. On augmente la pression avec Sun Violence qui, oserons nous l'avouer, nous évoque à certains moments les excellents premiers pas de Muse époque Showbiz sur leur titres les plus éprouvants. On sent un très bon sens de la mise en scène chez ce jeune groupe, preuve en est le petit interlude Deathless, tout en flamboyance, qui permet d'introduire la fin de l'EP, notamment Shade In Me un peu plus anecdotique mais fort en sensations, pour terminer sur l'excellent Hailstone, petit opéra rock de plus de six minutes qui débute de façon assez envoutante, avec toujours ce soin apporté aux riffs de guitare ténébreux. Comme du velours (noir probablement), le chant glisse parfaitement jusqu'à cette cassure dès les trois minutes qui interrompt cette douce rêverie pour transformer le titre en grosse avalanche de larsens, en mode explosion du Vésuve, laissant s'échapper toute la tension pour retomber sur une conclusion au piano de toute beauté.

Plus les écoutes passent, plus on trouve de petits détails qui font mouche : à aucun moment on ne se lasse de ce que l'on entend, tant l'infrastructure du disque et son tracklisting sont savamment pensés. Vous trouverez dans Deathless de slate une pratique du post-punk harmonieux et riche en émotions, le disque jouant de divers degrés d'intensité, mettant en exergue une très haute maitrise musicale. C'est extrêmement bien interprété, finement conçu, en bref un joli petit travail d'orfèvre qui, on l'espère, se précisera avec les prochains disques. Une rencontre live que l'on attend avec impatience dans l'Hexagone et un groupe que l'on colle en tête de nos pronostiques pour les mois et années à venir. Pour un groupe qui plus est gallois, c'était écrit.
tracklisting
    01. Remoter Heaven
  • 02. The Heir
  • 03. Sun Violence
  • 04. Deathless
  • 05. Shades In Me
  • 06. Hailstone
titres conseillés
    Remoter Heaven - Sun Violence
notes des lecteurs