UNIVERSITY

Battre le fer tant qu'il est brûlant, quitte à s'y brûler les doigts. Pas le temps de refroidir, trois mois après leur premier album McCartney, It'll Be OK et à peine sortis d'une mini-tournée européenne, UNIVERSITY dégainent déjà un nouvel EP. Trois titres seulement mais vingt-trois minutes de chaos et d'énergie pure, juste avant de traverser l'Atlantique pour leurs premiers concerts américains. Le gang sonique de Crewe ne ralentit jamais et si c'est trop fort pour vous, c'est peut-être que vous êtes trop vieux.

On débute avec le titre le plus accessible du lot, Bee, qui incarne parfaitement leur méthode, écrire un petit tube, puis le saboter méthodiquement. Entre mélodie indie faussement innocente et attaques math-rock à la sauce Windmill, le morceau bascule sans cesse entre hymne et carnage. Cruel et ludique, comme si Pavement s'était fait broyer par Lightning Bolt.

La suite de l'EP risque d'en laisser plus d'un perplexe et est à réserver aux fans hardcore, dans tous les sens du terme. Avec ses huit minutes de vagues métalliques et de riffs sans fil conducteur, Business Secrets Of The Pharaos ressemble à un labyrinthe bruitiste où l'on se cogne aux murs en riant jaune. C'est abscons et épuisant mais jubilatoire pour qui accepte de s'y perdre. Un trip noise qui tient plus de l'épreuve initiatique que du single accrocheur. La direction décline toute responsabilité en cas de saignement des tympans

Stones 'n Jam pousse encore plus loin avec onze minutes de montagnes russes, entre punk hardcore US, métal bruitiste et groove improbable. UNIVERSITY étirent le chaos, jouent la répétition et l'accident mais ouvrent dans la fureur quelques poches d'air qui évitent l'asphyxie. Un jam extatique, abrupt et jouissif.

Avec YES, UNIVERSITY rappellent qu'ils privilégient l'instinct au plan de carrière. Qu'ils sortent un EP furieux trois mois après un album déjà essentiel importe peu, la cohérence n'est pas leur affaire. Le vacarme, lui, est magnifique.