logo SOV

UNIVERSITY

Paris, La Mécanique Ondulatoire - 8 septembre 2025

Live-report par Franck Narquin

Bookmark and Share
Alors, ces vacances ? Pulp à Saint-Malo, Fontaines D.C. à Saint-Cloud et Oasis à Saint-Étienne ? Je vois que vous vous êtes encore sacrément régalés, mes coquins ! En tout cas, j'espère que vous vous êtes bien reposés car septembre s'annonce chargé. En toute logique, nous attaquons la rentrée avec UNIVERSITY. Mais oubliez les bancs d'amphi et les profs bardés de diplômes. Ce soir, le savoir se transmet dans la cave de la Mécanique Ondulatoire et nos enseignants n'ont jamais passé l'agrégation. Le crew originaire de Crewe (qui l'eût cru ?) vient défendre son bouillonnant premier album McCartney, It'll Be OK, sorti juste avant l'été. Après avoir brillamment réussi leurs épreuves écrites, ils passent désormais leur grand oral. Promis, on arrête ici la métaphore universitaire. Voilà, je vous entends déjà pousser un grand « Aaaaahhhh ! ».


Vous ne croyez pas si bien dire, car ce sont justement AAAAAHHHH, joyeuse bande de shoegazers parisiens, qui ont l'honneur d'ouvrir pour nos jeunes anglais préférés du moment. Jeunes, beaux et plus cool que toi, ils ont ce que Warhol appelait « the style it takes ». Formés en janvier, ils ont déjà joué au Supersonic, ouvert pour Feeble Little Horse, sorti un single parlant de coupes mulet et devraient bientôt travailler avec le grand Daniel Fox (Gilla Band). Derrière l'énergie brute, on devine une alchimie encore en construction mais un potentiel énorme, porté par un batteur-chanteur habité, un guitariste nonchalant et une bassiste à la moue distanciée. Aaaaahhhhfaire à suivre.


Dès la fin de leur set, tout le monde sort boire un verre à l'étage, laissant la cave quasi vide. Chaque groupe remballe et déballe tranquillement son matos devant dix personnes se racontant leurs vacances. La pause fraîcheur passée, UNIVERSITY montent sur scène sans sommation. A ma droite, Ewan, grande guigne en chapka prêt à martyriser sa basse, au fond, Joel, tignasse épaisse et baguettes mitrailleuses, à ma gauche, Zak, toujours aussi possédé, qui arrache les tripes de sa guitare en hurlant comme un chef de meute et devant, Eddie, mascotte improbable en cagoule et casquette KFC, assis en tailleur à jouer à la PlayStation 2, ne se levant que pour brandir des feuilles A4 griffonnées avec les titres des morceaux.


La setlist est à elle seule un poème dadaïste, Notre Dame Made Out Of Flesh, History Of Iron Maiden Part Two, Hustlers Metamorphose, Post Malone... Leur musique est à l'image de ces titres, baroque, absurde, violente mais irrésistiblement contagieuse. Parfois ça tangue, ça cafouille, ça hésite et puis d'un coup ça explose, un mur de guitares, une transe punk, une liturgie noise. Si le public n'est pas nombreux (beaucoup sont allés voir le premier des deux shows au Trianon des nouvelles stars KNEECAP), il se prend vite au jeu, médusé par la puissance des Anglais.

Durant une heure on aura vu le groupe jouer à fond, livrant un set tendu traversé par une jubilation palpable, confirmant tout le bien qu'on pensait d'eux et qui nous donnerait presque envie de faire nos cartables et crier : vive la rentrée !