Bien que Napoleon IIIrd fasse autant de bruit que les huit de Architecture In Helsinki, le groupe n'est pourtant composé que d'un seul membre. Brillant touche-à-tout, James occupe magistralement l'espace en se dédoublant indéfiniment sur ce qui apparaît être probablement un des albums pop lo-fi de l'année.
In Debt To succède à deux EP prometteurs,
EP et
EP2. Autant James n'innove pas dans le titre de ses oeuvres, autant il est incroyablement libre dans sa manière de composer des chansons destructurées et spontanées.
L'album est un vaste melting-pop de samples audacieux, de claviers débridés et de cordes délicates savamment organisé. Composé de deux parties bien distinctes, il permet d'avoir une vision d'ensemble de l'univers déjanté de l'artiste. Napoleon IIIrd ne peut se résumer à une seule chanson tant chacune est différente de la suivante.
Introduction To A nous égare tout en douceur vers
This Is My Call To Arms, premier single électrique et entrée en fanfare de l'album. Les voix multiples côtoient les trompettes épiques, sous l'electro minimaliste de
Hot Chip déboule une batterie tenace, voilà la recette de Napoleon IIIrd. Du moins, pour cette chanson.
Defibrillator, déjà présente sur
EP2, déploie d'autres grands moyens dès son fracassant prélude batterie/beats acides, puis son refrain court et imparable prend le relais derrière une guitare sèche pour le coup amortie. Voilà une autre recette de Napoleon IIIrd. Et il y en a onze comme ça.
The Conformist Takes It All cache un refrain torturé qui semble emprunté à
The Cure,
Guys In Bands convie les
Beatles à un jam avec les
Gypsy Kings,
Anti-Patria et sa marche militaire progressivement désobéit et sort du rang trop calibré, et
Hit Schmooze For Me est un détonnant brassage pêle-mêle des trois précédentes.
Introduction To B offre une mi-temps pas négligeable. Puis, alors qu'on voit sur
Kate's Song se profiler les quelques accords caressants d'une guitare sèche, on s'attend fatalement à un déferlement de tous les autres instruments .. qui ne vient finalement pas.
Après deux minutes d'acoustique à destination de sa chère et tendre, James passe à
What We Have Here Is Ending et jusqu'à la fin du disque privilégie les nappes de claviers raffinées et les choeurs merveilleusement déraisonnables.
Entre le capharnaüm d'une première moitié d'album et une seconde plus posée, Napoleon IIIrd est la distraction lo-fi la plus saisissante après un
Polyphonic Spree génialement dissipé et en attendant le troisième bric-à-brac des australiens de
Architecture In Helsinki.