Fanfarlo

Fanfarlo, c’est l’histoire d’un groupe qui sonne comme Windmill pour s’enorgueillir comme Arcade Fire. Forts d’orchestrations fastes mais non alambiquées, le groupe anglais se place dans la lignée directe d’une pop nourrie à l’Europe et qui aurait grandit au Canada pour se poser finalement en plein Londres.

Ce qui attire fortement l’oreille et l’attention chez Fanfarlo, c’est son sens de l’ornement. Classieux, étendu, riche, cette variété d’instrumentalisations rend ce Reservoir à la fois dense et large. Par ces routines métronomes, la pléthore de sons permet une immersion totale telle une pandémie s’élargissant au sein d’un univers où tout est à construire. Les lignes de basse rigides, les cuivres cultivés jusqu’à floraison, la voix chaude et porteuse ; Reservoir est une renaissance, une croissance espiègle.

Fanfarlo ne vient néanmoins pas de nulle part, puisant son sens mélodique dans des formules fortement usitées en Amérique du Nord. Influencés clairement par Arcade Fire et Broken Social Scene (Ghosts, Drowning Men, les deux plus beaux titres de l’album) avec qui ils partagent le même sens de rythmiques faussement enlevées, des mélodies chaloupées et des thèmes instrumentaux tournés vers la mise en avant de cuivres, de violons, de mandolines. Evidemment inspirés par une profonde culture de la pop, Fanfarlo la transpose dans des univers emplis d’une spiritualité bien-aisante.

Ainsi, Fanfarlo s’atèle plus à la beauté formelle qu’à de la réelle expérimentation artistique, penchant donc plus du voisin américain où l’aura de Sufjan Stevens, Andrew Bird ou des Shins peuvent parfois se faire ressentir (The Walls Are Coming Down, Harold T. Wilkins…). Fanfarlo nous fait faire ainsi son tour du monde de la pop actuelle, de la plus jolie des façons, aussi inspirants qu’inspirés, aussi belle que bête comme l’écrivit Baudelaire ; telle une procession magnifique, aveuglante et éperdue.