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Papillons de Nuit

Saint-Laurent de Cuves, - 29 mai 2010

Live-report rédigé par François Freundlich le 1er juin 2010

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samedi 29
Le Festival des Papillons de Nuit fêtait cette année à Saint-Laurent-de-Cuves sa 10ème édition avec une programmation digne des plus grands festivals. On ne peut qu’être surpris de voir des artistes aussi renommés en arrivant dans le fin fond de la Manche sur un site au cœur du village, avec ses airs de fête du village, surtout en terme d’organisation quelque peu chaotique. L’accès au site est assez complexe, il faut être assez patient et ne pas avoir peur de manquer les premiers concerts.

Miossec et son groupe font leur entrée sur la scène Vulcain. Très en forme, le brestois va enchaîner ses plus belles chansons avec des arrangements très rock. Le concert débute avec La Fidélité, titre phare de son album Baiser, avant d’enchaîner des chansons de 1964 : Je M'en Vais, avec un phrasé particulier ayant réinventé en quelque sorte une nouvelle manière de chanter en français, ou Brest dont les prédictions se sont révélées exactes plus tard dans la soirée : « mais non de dieu, que la pluie cesse... ».
Sa voix chaude est impressionnante de maîtrise et de tension, délivrant des textes d’une rare beauté dans la lignée d'un Bashung. Il reprend d’ailleurs Osez Joséphine pour un fort bel hommage. La Facture D’électricité est reprise en chœur par un public conquis, les fans du premier rang sont aux anges. Miossec tente de bafouiller quelques phrases mais en fait tomber son micro...
Les Bières Aujourd'hui S'ouvrent Manuellement s'accompagne d'un laché de grosses guitares et on se prendrait même à sauter alors que, jusque là, on en restait plutôt bouche bée de contemplation. Lorsque le pianiste prend son violon pour un solo dantesque aux accents de guitares électriques hendrixiennes, le public s’échauffe et on apprécie la qualité du groupe qui entoure le breton à la guitare, la basse et la batterie. Miossec a livré un concert parfait, très en forme et bien entouré : la journée commence bien.

Sur la scène Thecia, les anglais de Friendly Fires débutent leur concert avec Lovesick, extrait de leur premier album. Leur son s'avère de plus en plus dance par rapport à leurs précédentes prestations, à l’image de leur sautillant chanteur Ed Macfarlane. Les claviers vintages se mélangent aux rythmes épileptiques de percussions et à une section de cuivre, une nouveauté. L’humeur est dansante dans le public même si il est encore un peu tôt.
Les tubes de leur premier album s’enchainent, de Jump In The Pool à On Board, sur des pas de danse assez cocasses du chanteur et avec un batteur qui augmente sans cesse la cadence. Les nouveaux titres semblent bercer beaucoup plus dans l’électro, contrairement au single Paris, toujours aussi plaisant à réentendre. Ed viendra l’interpréter sur l’avant-scène, au plus proche du public. Un bon concert de transition avant ce qui nous attend…

C’est l’excitation générale quand Kasabian débarque sur la scène Vulcain alors que l’introduction de Vlad The Impaler raisonne déjà dans le bocage normand. Tom Meighan est accueilli hystériquement par les groupies locales, il garde ses lunettes de soleil malgré la pluie qui commence à tomber juste pour le début du concert. Dès lors, le show devient épique puisque le groupe va se donner pleinement pour un public trempé mais bondissant de plaisir.
Le groupe enchaîne ses meilleurs tubes avec un Fast Fuse au tempo accéléré et Shoot The Runner, lequel crée l’émeute et oblige forcément à décoller les pieds du sol. Tom entame un Singing In The Rain repris en chœur par un public qui ne fait plus qu’un. Le single Underdog poursuit le set, alors que la pluie redouble et qu’on ne ressent plus grand chose au final. Le refrain de Where Did All The Love Go? est repris par l’audience alors que Tom nous harangue de plus belle en jetant ses lunettes pour enflammer définitivement les Papillons de Nuit. On ne peut évidemment pas s’empêcher de penser à Oasis dans l’attitude et les arrangements.
Empire raisonne et éclabousse la boue en rythme tandis que la section rythmique est gigantesque et que le mur des guitares prend littéralement aux tripes. Le premier album n’est pas oublié puisque Reason is Treason est interprétée de manière laid-back tandis que l’on regrettera l’absence de Club Foot. L.S.F. termine un concert des plus marquant : c’est dans les conditions les plus difficiles qu’on reconnaît les prestations les plus grandioses et Kasabian l’a bien démontré ce soir.

Comment enchaîner la soirée après une telle prestation ? La retombée est très difficile puisque le froid se fait soudainement ressentir. On réalise alors que le site est trop petit et mal agencé pour accueillir une telle foule. La circulation se fait difficile et on parvient difficilement sur la petite scène pour voir une partie du concert de Jil Is Lucky. Logiquement, la folk pop des français paraît bien pâle après ce que l’on vient de voir et entrer dans ce concert est assez difficile. Des chansons assez rafraichissantes néanmoins qui nécessitent surement un cadre plus intimiste.
Retournons sur les grandes scènes où Damien Saez se fait entendre... Comment nous faire subir ça à cet instant précis ? Le garçon braille comme il vomit, d’un ton monocorde dans son micro, tandis que les plates compositions ne sont que des plagits d’autres chansons que l’on peut aisément rechanter sur ses accords. Il suffit de porter son attention sur les textes pour crier à l’infamie. Comment oser déblatérer de telles inepties avec un faux air insolent ? Surtout après un concert de Miossec...
Ma tolérance a des limites mais ce concert est certainement le pire qu’il m’ait été donné de voir. Je suis circonspect en voyant certaines personnes réciter ces textes et reste dans l’incompréhension. La manière dont ils sont dictés sans variation aucune est pour moi fausse et insupportable. Je subis en silence et j’accuse le coup.

Les deux scènes principales étant côte à côte, j’attends fébrilement que le concert de Gossip ne débute... directement dés le dernier accord joué par Saez. On réalise alors rapidement que l’avantage de cette configuration est un inconvénient puisque la foule entassée devant une scène se rue sur l’autre dans un espace très réduit. Il y a subitement dix personnes au mètre carré... c’est l’émeute.
Beth Ditto arrive toute en paillettes et en maquillage apparemment waterproof. La voix de la charismatique chanteuse reconnaissable entre mille est bien au rendez-vous. Elle est acclamée par un public tout acquis à sa cause. Malgré tout, le groupe se repose sur ses acquis et déroule un concert millimétré sans se donner réellement. La pétillante chanteuse montre un peu moins de folie que jadis et se contente de quelques pas de danses. Les tubes sont bien entendu au rendez-vous, Standing In The Way Of Control et Heavy Cross sont interprétés comme à la radio, sans trop de surprises. Au final, Gossip est un groupe qui a énormément surpris à ses débuts mais qui inspire maintenant l’ennui tant il est en roue libre et tourne en boucle. Le pire est atteint lorsque Beth reprend I Will Always Love You de Whitney Houston. Quelqu’un veut-il ma mort depuis la fin du concert de Kasabian ? Le temps est toujours aussi frais mais on le sent beaucoup plus pour Gossip. Au final, une grand déception pour un concert qui était censé nous remettre d’aplomb.

On ne circule désormais plus dans les allées du festival : la pluie, la boue, le froid, les gens compressés sont partout. On s’était promis de rester jusqu’à Vitalic mais il n’est plus possible de tenir aussi longtemps malheureusement. On s’essaye au concert des français de Gush sur la petite scène. Des mélodies pop et rock sautillantes sont proposées, on sent que le quatuor s’éclate sur scène et le public a l’air enchanté. Les voix se mélangent pour quelques passages intéressants mais qui ne marqueront pas les esprits.
Il est temps de quitter le festival alors que la grande majorité du public se presse vers la sortie. Cette soirée a permis de découvrir un festival atypique attirant des grands noms dans une ambiance assez familiale... mais avec une tendance à se dégrader dans la nuit. Des efforts sont malgré tout à faire dans l’organisation et la circulation au sein du site, problème qui aurait pu être oublié si le soleil avait brillé.

Le concert de Kasabian restera comme le show mémorable de la soirée tandis que Miossec nous aura bluffé en fin d’après-midi. Une soirée néanmoins finie sur un goût d'inachevé...
artistes
    Gossip
    Kasabian
    Gogol Bordello
    Vitalic
    Saez
    Miossec
    The Bloody Beetroots Death Crew 77
    Revolver
    Friendly Fires
    Asaf Avidan & The Mojos
    Gush
    Jil Is Lucky
    Fady Mélo
    Chocolate Donuts