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Archie Bronson Outfit

Interview publiée par Fab le 29 avril 2010

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Avec leur troisième album, Coconut, paru le mois dernier, Archie Bronson Outfit ont passé la vitesse supérieure après une longue attente de quatre années. Rencontré lors du récent concert parisien du trio, Mark Cleveland nous dit tout sur la nouvelle orientation suivie par sa formation.

Quatre années se sont écoulées entre les sorties de Derdang Derdang et Coconut, pourquoi une si longue attente ?

Nous avions dans un premier temps donné de nombreux concerts pour promouvoir Derdang Derdang puis notre autre groupe, The Pyramids, nous avait également occupés durant un moment. Je pense que nous avons simplement profité de la vie avant de sortir de Coconut. Quatre années se sont écoulées entre nos deux derniers albums mais nous n'avons pas perdu notre temps à ne rien faire ! Nous avons enregistré nos nouvelles chansons à Londres et aux Etats-Unis en plusieurs sessions afin de mieux appréhender notre nouvelle orientation musicale. La musique n'a pas été une priorité absolue ces dernières années, c'est pour cette raison que Coconut a été si long à voir le jour.

Les groupes et leurs labels cherchent en général à publier leurs disques le plus rapidement possible, comment a réagi votre entourage face à votre volonté de ne pas vous précipiter ?

Nous étions libres de travailler à notre rythme, personne n'était spécialement pressé de voir arriver ce nouvel album. Comme je le disais précédemment, nous n'avons pas été inactifs très longtemps. Les premières sessions d'enregistrement ont débuté dans le courant de l'année 2008 puis Tim a souhaité se consacrer à d'autres occupations et nous avons donc suspendu notre travail pendant près de six mois. C'est à Londres que nous nous sommes ensuite réunis. Je pense que Domino Records auraient aimé que notre rythme soit plus soutenu mais personne ne s'en est plaint. Tout le monde était conscient que notre nouvelle orientation nécessitait un travail plus complexe. Il n'était plus question de recréer une ambiance live dans le studio et d'enregistrer les titres à la volée de manière très naturelle. Pour Coconut le processus créatif nécessitait de nombreux ajustements au niveau des sonorités et des structures. Certaines chansons duraient près de dix minutes dans leurs versions initiales mais il était impossible de les conserver dans cet état, nous cherchions constamment à condenser les idées pour obtenir des formats plus classiques de quatre ou cinq minutes.

Penses-tu que cet album est le plus abouti des trois sortis à ce jour ?

Nous avons beaucoup travaillé en ce sens afin de maîtriser notre sujet et d'uniformiser des idées qui étaient parfois peut-être trop éclectiques. Une certaine complexité nait des envies de chacun et il faut du temps afin de satisfaire toutes les personnes impliquées.

Aviez-vous conscience dès le départ que ce disque serait si différent des précédents ?

Nous ne savions pas à quoi ressemblerait le résultat final mais nous avions la volonté de proposer quelque chose de nouveau. L'écriture n'a pas été impactée, j'ai continué comme auparavant à écrire les textes des chansons avant de les soumettre au reste du groupe, à la suite de quoi nous avons testé différentes idées avec les instruments lors des sessions. Nous écoutions par la suite ces démos puis nous décidions ce qu'il était nécessaire de changer avant de retourner dans le studio et répéter le même processus. Notre fonctionnement a donc une fois encore été le même mais les idées mises en œuvre étaient plus ouvertes vers de nouvelles sonorités. Je pense qu'il est très facile de partir dans une nouvelle direction, mais encore faut-il être capable de canaliser les énergies pour ne pas perdre son chemin. Il est pour moi question ici de savoir se renouveler sans perdre son identité.

Certaines des chansons de Coconut s'avèrent presque dansantes...

Nous ne l'avons pas réellement ressenti ainsi durant l'enregistrement. Certaines de nos anciennes chansons comme Dart For My Sweetheart ou Chery Lips possédaient un état d'esprit similaire, très dansant. Sur Coconut ce groove est peut-être mis plus en avant par instant mais nous n'avons pas pour autant abandonné les ambiances plus noisy ou violentes pour lesquelles nous sommes connus.

Le son de l'album est quoiqu'il en soit beaucoup plus moderne que celui de vos précédents albums, pourquoi ce choix ?

Nous avions vraiment envie que cet album soit moderne, mais je pense que cette volonté était liée à notre besoin d'aller vers quelque chose de différent. A nos débuts nous étions considérés à juste titre comme des puristes sur ce point, notre musique pouvait sembler un peu datée mais cela nous correspondait. L'expérience que Sam et voit avons connu avec The Pyramids suivait aussi cette idée. Nous partions d'une idée simple et après quelques expérimentations dans le studio nous avions déjà une nouvelle chanson en passe de naître en l'espace de quelques minutes. Nous n'avons pas subitement appris à apprécier le monde de l'électronique et des ordinateurs, c'est pour cela que nous avons eu besoin de Tim Goldsworthy pour nous produire.

C'est une personne connue pour son travail avec des groupes plus électroniques que le votre justement, était-ce le critère principal pour votre choix ?

Le choix a été très simple en réalité. Au départ nous ne savions pas qui choisir et le patron de Domino Records, Laurence Bell, nous a soumis cette idée car Tim est un bon ami à lui. J'ai toujours apprécié son travail avec The Rapture, non pas que nous voulions leur ressembler, mais c'est quelqu'un de très doué lorsqu'il est question de rythmes et de percussions. Nous étions ouverts à l'idée de travailler sur ce point pour notre album, et sans lui une chanson comme Magnetic Warrior aurait sans doute été très différente. C'est en écoutant cette chanson ou d'autres de Coconut que je sais que nous avons pris la bonne décision.

De quelle manière votre collaboration avec Tim a-t-elle été différente des précédentes avec Jamie Hince et Jacquire King ?

Jacquire avait une manière de travailler plus simple, il s'adaptait réellement au groupe et à la musique jouée. Tim était beaucoup plus ouvert aux différentes expérimentations sonores, il nous proposait sans cesse de nouvelles idées sur la manière de manipuler le son ou sur l'utilisation de claviers moog. Après tout, dans l'optique de vouloir faire évoluer notre musique, quel aurait été l'intérêt de travailler avec lui sans lui donner la parole ? Le processus a été plus long mais c'était une conséquence directe de notre volonté de changer les choses. Toutes les idées ne fonctionnaient pas à la première tentative, c'est pour cela que nous avons eu besoin de morceler les sessions d'enregistrements, afin de pouvoir reprendre certaines séquences tous les trois à Londres avant de retourner auprès de Tim.

L'album s'est ainsi développé entre Londres et le Michigan. De quelle manière ces deux lieux ont-ils impacté le rendu final du disque ?

Il est difficile de jauger le rôle qu'ont eu ces deux lieux, mais s'il y a eu une influence quelconque, elle se situe plus au niveau de la musique que des textes écrits chez moi. A Londres nous avons nos marques alors que notre lieu de travail à Benton était très différent. Ce type de changement s'accompagne d'un sentiment de liberté. Lorsque tu pars en vacances dans un nouvel endroit tu es plus enclin à vouloir découvrir tous les alentours, et c'est exactement ce que nous avons vécu d'un point de vue musical une fois là-bas. Tout en étant plus relaxés par le cadre, nous avons exploré les possibilités qui s'offraient à nous dans ce contexte.

Vous aviez choisi de sortir Shark's Tooth en tant que single il y a quelques mois. Penses-tu qu'il constituait une bonne indication quant à votre évolution ?

C'était une décision plutôt évidente. Le titre est très compact et catchy, et ses structures groovy et presque disco en faisaient un titre facile d'accès.

C'est un titre pour lequel vous avez filmé deux vidéo clips...

Exactement. Nous avons dans un premier temps filmé une vidéo pour chacun des titres de l'album, puis nous avons eu l'idée de préparer un véritable vidéo clip pour la sortie en single. Pour le DVD accompagnant l'album, l'idée était de retranscrire en images notre vision de la musique. Nous avions du temps libre et ce genre d'exercice nous plait, alors nous nous sommes lancés pour indiquer d'une certaine manière à notre public dans quelle direction regarder. Expliquer un peu mieux le background du disque, par quoi nous avons été influencés lors de son écriture. Pour le vidéo clip de Shark's Tooth nous avons été heureux de passer la main à une personne extérieure au groupe, de manière à pouvoir apporter un regard neuf sur la chanson.

L'aspect visuel du groupe semble également avoir évolué au niveau de vos artworks. Celui de Coconut est pour le moins surprenant...

Dorian est très intéressé par le fait de filmer des vidéos mais aussi l'ensemble des visuels liés du groupe, créer la pochette de Coconut lui a donc permis d'exprimer son ressenti à l'écoute du disque.

Au final, à la vue de l'excellent accueil reçu par Coconut, ces changements semble avoir été bénéfiques pour vous ?

Il est flatteur de lire des articles positifs sur notre musique, mais je pense malgré tout que les avis ont été très partagés. Je sais que certains de nos anciens fans ont été déçus par notre nouvelle orientation alors que des personnes réfractaires jusque là ont commencé à nous apprécier. Ce n'est pas pour moi un problème de savoir si le disque est bien accueilli ou non, nous avons changé cette fois-ci mais parfois le public en lui-même évolue et peut se lasser face à une attitude trop statique. L'essentiel est que nous prenions du plaisir.

Archie Bronson Outfit va-t-il rester votre projet principal pour le futur ou peut-on malgré tout espérer un nouvel album de The Pyramids ?

Un second album de The Pyramids sortira certainement, plusieurs chansons ont déjà été écrites ces derniers mois. Il nous faut simplement trouver le temps de mener notre carrière conjointement avec ce type de side-project... sachant que je travaille aussi sur un autre projet en plus de ces deux là !

De manière à ne pas attendre quatre années de plus avant de sortir le successeur de Coconut ?

Certainement pas ! Nous sommes dans un état d'esprit prolifique actuellement, je pense que nous allons en profiter. Maintenant que nous avons fait le plein d'énergie, nous sommes prêts pour les prochaines échéances !