Un peu plus de six mois après leur dernier concert parisien, déjà dans cette même salle de la Maroquinerie, Archie Bronson Outfit faisaient une nouvelle escale dans la capitale en ce 31 octobre. Face à un public plus réduit, la faute sans doute aux célébrations de Halloween, aux vacances scolaires et à un long week-end, mais accompagnés des gallois de The Victorian English Gentlemens Club, les trois barbus ont une nouvelle fois brillé.

Si le début des festivités est annoncé pour 20h30, c'est à 20h, alors qu'une audience famélique d'une vingtaine de personnes seulement a pris place, que la première partie est appelée à se lancer. Une dizaine de minutes plus tard, après quelques réglages et l'installation d'un métronome battant la mesure,
The Victorian English Gentlemens Club peuvent enfin débuter leur prestation. Désormais réduit à un simple trio guitare/basse/batterie à la suite du départ d'Emma Daman, le groupe démontre tout au long de son set une attirance exacerbée pour un rock noisy et incisif que la relative faiblesse des voix de Louise Mason et Adam Taylor n'entache en rien. Conséquence des différents changements de line-up intervenus dans un passé somme toute récent, c'est une sélection de titres majoritairement inédits que le trio a choisi d'interpréter.
Si
Ban The Gin, Parrot et
The Venereal Game se rappellent au bon souvenir des amateurs du groupe et se révèlent aussi détonants qu'au premier jour, fort est de constater que les nouvelles compositions du soir ne dépareillent pas, à l'image d'un
Pistol franchement entêtant et de l'accrocheur
Foxes, et ce même lorsque Louise Mason délaisse sa basse durant plusieurs titres pour prendre en main une mini guitare évoluant dans les aigus. Une trentaine de minutes très convaincantes face à un public quantitativement effacé mais plus enthousiaste au fil des minutes, notamment lors d'un final bruitiste mené par la jeune galloise à genou face à ses pédales d'effets.

Une demi-heure plus tard, ce sont un peu plus de deux cent personnes que l'on peut dénombrer dans la Maroquinerie, en témoigne un accueil des plus chaleureux pour
Archie Bronson Outfit. L'entame du concert est conforme aux attente et laisse entrevoir un groupe à la motivation évidente, la paire constituée de
You Have A Right To A Mountain Life/One Up On Yourself et
Magnetic Warrior provoquant la déflagration tant attendue. Dans leurs accoutrements de boubous, les quatre musiciens sont appliqués et limitent la communication avec le public au strict minium, Sam Windett se fendant, non sans ironie, d'un simple « thank you motherfuckers » après l'ovation obtenue à la suite de
Cherry Lips. Si l'album
Coconut est évidemment au centre du concert, les plus anciennes compositions sont moins délaissées qu'il n'y a six mois, au grand plaisir des fans toujours adeptes des sonorités blues plus traditionnelles que le trio proposait à ses débuts.
Aux cotés des
Shark's Tooth, Wild Strawberries ou
Hoola figurent en effet un inédit plus dépouillé qu'à l'accoutumée, mais surtout
Kink, Dead Funny et
Dart For My Sweetheart, quand bien même l'absence récurrente du titre
Islands est regrettable. Hypnotiques, les compositions d'Archie Bronson Outfit voient leur efficacité renforcée par des jeux de lumières simples et stroboscopiques, la qualité de l'acoustique de la salle rendant justice à un chant envoûtant. Après un
Harness d'excellente facture, le groupe tire sa révérence une première fois, mais revient quelques minutes plus tard pour un rappel de trois titres conclu sans sourciller sur
Run Gospel Singer faisant suit au rageur
Got To Get (Your Eyes).
Plus que la durée somme toute modeste du concert, on retiendra l'intensité appliquée par les quatre anglais et une densité sonore pour le moins prenante. Sur scène ou non,
Coconut restera à coup sûr l'un des disques marquants de 2010.