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The Courteeners

Interview publiée par Pierre-Arnaud Jonard le 16 janvier 2017

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Liam Fray, le leader des Courteeners n'est pas, loin de là, la pop star arrogante que l'on pourrait imaginer. C'est au contraire un mec on ne peut plus simple, cool, avec lequel il est agréable de discuter musique, football, Manchester et qui suscite une seule envie : devenir pote avec lui.

Cela doit vous faire bizarre de jouer dans de petites salles lorsque l'on sait que vous remplissez des stades de 25 000 personnes à Manchester ?

Les petites salles sont plus cools mais c'est vrai qu'on avait oublié le côté intense d'avoir des gens si près de soi. Cela a été le cas ici en France et en Allemagne. Du coup, on a donné des shows meilleurs que les derniers que nous avions donnés dans ces pays. Les gens s'amusent et personnellement, on ressent moins de pression. En plus, pour ce concert (ndlr : Maroquinerie, le 18 décembre 2016) on avait plein d'amis et fans qui étaient venus spécialement de Manchester. C'était chouette.

On regarde trop le passé de Manchester.

Qu'est-ce que cela représente pour vous d'être un groupe de Manchester ?

Manchester, c'est la ville de Joy Division, des Smiths, de New Order, d'Oasis... On cite toujours ces groupes, de très bons groupes par ailleurs, mais pour moi Elbow devrait faire partie de cette liste des groupes cultes de la ville. On regarde trop le passé de Manchester même si, comme je l'ai déjà dit, elle a produit des groupes incroyables. Il faut vivre au présent. Il y a plein de nouveaux groupes en ville comme Blossoms. Plus on regarde le passé, moins on regarde ce qui se passe maintenant et c'est dommage.

Vous avez enregistré le dernier album, tout comme le précédent, à Paris. Pourquoi ?

Lorsque tu voyages, tu te rends compte à quel point Paris est une super ville. Paris a toujours été l'une de mes villes préférées au monde. On a enregistré à Montmartre. The 17th est bien sûr un morceau sur Paris, sur le 17ème arrondissement, mais en fait presque tous les morceaux de l'album parlent de Paris. Cela a été très confortable de créer l'album ici. Cette ville est pleine d'énergie et l'on s'y sent bien.

Tu pourrais t'installer ici ?

Absolument. J'y pense. S'installer rue Lepic là où nous avons enregistré ou sur le Canal Saint-Martin, c'est quelque chose auquel je songe. Paris est comme Londres, une grande ville superbe mais moins stressante que ne l'est Londres. J'aime flâner dans les rues de Paris, aller au café, sentir l'atmosphère si particulière de cette ville.

Les deux derniers albums sont plus rock que les précédents...

Je ne sais pas. Tu trouves ? Lucifer's Dreams par exemple est un titre très rock avec un côté glam mais il aurait très bien pu être sur notre premier album. On a voulu faire un morceau explosif. Le titre qui ouvre un disque doit capter de suite l'auditeur. Je pense que Lucifer's Dreams a cette explosivité.

Quand tu es petit de quoi rêves-tu sinon d'écrire un morceau pour l'équipe de ton cœur ?

Quand Not Nineteen Forever est devenu l'hymne de Manchester United pour son vingtième titre de champion d'Angleterre de football, qu'as-tu ressenti ?

J'en ai pleuré. La parade de l'équipe dans les rues de la ville avec Bobby Charlton, Alex Ferguson, Wayne Rooney... Notre morceau, la ville en liesse, c'était énorme. Quand tu es petit de quoi rêves-tu sinon d'écrire un morceau pour l'équipe de ton cœur ? C'était un rêve qui se réalisait.

Comment vois-tu rétrospectivement votre carrière alors que vous venez de fêter les dix ans du groupe ?

Je joue depuis tout petit avec notre batteur, dans notre garage. J'avais trois ans, lui cinq, lorsqu'on s'est connus. Lorsque je pense au groupe, je pense toujours à lorsque nous avons commencé à jouer, lui et moi et que nous avions si peu d'espace que son kit de batterie me rentrait dans les mollets. C'est l'image qui me revient toujours en tête.

Le sommet de votre carrière, c'est le concert à Manchester il y a deux ans devant 25000 personnes, non ?

On a su de suite que ce serait énorme et c'est effectivement un grand moment mais pour nous, le moment le plus important a sans doute été notre premier Glastonbury. On était attendu au tournant par le NME, les médias et tout a fonctionné au mieux, les réactions étaient super positives. Les médias fonctionnent bizarrement en Angleterre, surtout la BBC. Ils diffusent Jamie T, les Maccabees ou Two Door Cinema Club mais pas nous. J'aime ces groupes mais je ne comprends pas pourquoi ils les passent et nous snobent. La BBC boycotte les Courteeners sans que je ne sache pourquoi. On attire 25 000 personnes à Manchester et tu as six ou sept responsables qui décident de ne pas te diffuser. Je n'arrive pas à comprendre cet état de fait et cela me fait enrager.