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James Righton

Paris, Boule Noire - 19 novembre 2016

Live-report par Albane Chauvac Liao

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De retour à la Boule Noire pour la deuxième soirée des InRocKs Festival. Arrivée avancée, on observe les artistes dans leur environnement. Comme Keep Dancing Inc, pas plus de vingt ans par tête, qui discutent en famille. S'agissant ici d'une parenté tout autant familiale que musicale, c'est un joli petit monde où chacun se connait.

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Concert familial donc ce soir, avec des enfants au premier rang, le regard émerveillé par les rythmiques du premier groupe, Keep Dancing Inc. « La découverte » selon Les Inrocks. Trio parigot surfant sur une cold wave, auteur d'une pop blue lagoon originale.
Leur setlist, de Back Against Yours à Bad Born, est un kaléidoscope : instrument tubulaire contenant un jeu de miroirs et des fragments de verres mobiles, diversement découpés et colorés, produisant des figures qui varient à chaque secousse reçue par l'appareil. French accent et bombers à paillettes, ils sont comme dans leur chanson, « kind of kool ». Comme une boulle disco, l'important étant ce qu'il y a à la surface, on se fiche bien du contenu, tant que ça brille, tant que c'est pop.

Des lumières flashy, des remerciements, les jeunes pimpants sont contents d'être là, merci aux Inrocks. On est bien ici, à écouter ces pirouettes sonores, ce cold zouk qui fait vibrer nos synapses. Un hymne à la jeunesse dans Back Against Yours (« Keep on believing just like a child »), le poing levé ; des chansons d'amour comme Life Goes On (« When you're in love »)... Teenage troubles ? Ça sautille, on est amusé à la vue du t-shirt One Direction de Charles, le chanteur, sorte de provocation qui renforce leur style kitsch cool. Entre quelques rythmes soutenus, les Keep Dancing Inc nous offrent des touches de musique en effleurant le clavier sur Alright, feelgood track du groupe. On pense à Metronomy, à NZCA/LINES. Le chanteur nous parle et en profite pour régler ses comptes avec son ex-amour : « I'm a nice guy, that's where all the problem is, screw you ». Une idée lumineuse nous apparaît, c'est peut-être ça la solution pour se faire entendre : chanter. « Venez sur notre stand après, ce sera cool, on pourra parler, ce sera chouette », Keep Dancing Inc ont définitivement la coolitude et un sens du business en pleine croissance.
C'est un trio de grands kids bourrés d'énergie, Charles le chanteur bouge beaucoup, la scène de la Boule Noire est trop exiguë face à sa frénésie. Leur performance se termine sur Bad Born et son chant engagé (« Yesterday they planned my day, law and economy to fit the aristocracy », « We're no bad born, we can't complain about it », « Call me lazy, we'll make it to the top »). Un fourre-tout pailleté, une musique qui met des étoiles dans le regard des kids.

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Mention spéciale de la soirée : Parcels, poulains prodigieux de l'écurie Kitsuné. Ils ont vingt ans mais une maturité de trentenaires dans leur jeu. Car oui, ces résidents berlinois s'amusent, c'est une vraie gaieté collective sur scène. Un vrai régal visuel et sonore. Une performance qui fait danser, qui fout en transe. Le jeu se retrouve jusque dans la thématique des chansons (Sur Gamesofluck, chaleur avec « You make it dangerous »).
Un grand moment chaleureux, comme si Parcels nous conviaient à tous nous rassembler autour d'un feu. Mais moment de justesse calibrée aussi, maîtrisé par des petits génies, ni vu ni connu, aucun effort ne transparaît, juste l'effet : éclate pure.
« Come on Paris ! », coup de pouce ultime à une foule qui ne sait comment réagir face à cette énergie mystique, un trop plein d'émotions positives qui échappent à notre contrôle. On se laisse hypnotiser. Parcels, un mix de genres qui donne le sourire. Funk, pop, électro, disco ou jazz, ils ont trouvé la recette qui rassemble. Ça se balance en l'air sur le groovy jazz de Clockscared (« Got to go, got to get it out now »). Une union sans coupure, entrelacée de moments doux qui nous transportent dans les nuages. Le rythme incarné dans les corps humains. Ovation sur les vocales puissantes de Myenemy. Ça danse, ça s'ambiance, c'est intense. Hélas, c'est la dernière chanson, annoncée avec un sourire généreux. Les artistes aux visages sympathiques entament Comedown. Des sonorités de jeux vidéo, d'arcade. Un chœur. Parcels, c'est la hippie fusion.

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Après avoir tenté d'en demander une dernière, le public va se ressourcer en attendant les british de la soirée : Shock Machine. On gagne quelques années, un groupe nouvellement formé et déjà plein de maturité. Nouveau projet de l'ex-leader des Klaxons, James Righton. Shock Machine sur scène c'est l'union de la batteuse du groupe Metronomy, du bassiste de Friendly Fires et du claviériste de CITIZENS!. Prometteur.
Le spectacle commence par l'envolée de l'albatros sur Open Up The Sky, qui rappelle le clip vidéo réalisé par Saam Farahmand (The XX, Simian Mobile Disco, Klaxons...). James Righton est vêtu d'un superbe costume rouge Gucci, ajoutant une lueur dans l'obscurité de la Boule Noire. C'est calibré, c'est bien. Mais où est passée l'ambiance à la Parcels ? On se retrouve devant un groupe à contempler. Trop académique, peut-être. Sur Shock Machine, premier single de l'album qui sortira début 2017, la voix est accessoire, les instruments en maîtres.
La complicité, Shock Machine la puise dans son amour de la musique, de la juste sonorité. Des grands qui ont fini de rire. Ce serait grandiose à la Philharmonie, assis. Sur Unlimited Love (« Nothing left to loose when our love is unlimited, nothing left to choose when our love is unlimited »), c'est l'explosion, un amour contagieux qui nous redonne la pêche. Perdus dans les bois sur Lost In The Mystery, on retrouve la voie grâce à la justesse du moment et des musiciens.

Petite touche finale qui fait du bien, James s'aventure dans le public pour distribution de câlins. « On and on we carry on, we believe there's something more » entonne-t-il en guise de chant d'espoir, enlaçant les épaules d'un public conquis par une soirée riche en émotions.
setlist
    OPEN UP THE SKY
    FIRST OF MAY
    FIRE UP MY HEART
    SHOCK MACHINE
    LET HER LOVE IN
    UNLIMITED LOVE
    LOST IN THE MYSTERY
    CONFUSION
    SOMETHING MORE
photos du concert
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