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Siobhan Wilson

Paris, L'International - 23 janvier 2011

Live-report par Amandine

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De la chanson à guitares ce soir à l'International mais pas celles qui crissent et qui ragent, plutôt celles du dimanche soir, histoire de faire la transition entre un week-end agité et une nouvelle semaine de boulot qui s'annonce. C'est donc avec deux artistes suédois acoustiques et la belle Écossaise Siobhan Wilson que nous passerons la soirée, et ce n'est pas pour nous déplaire.

Le folkeux Hector Projector vient nous conter fleurette dans un premier temps; le jeune Suédois se plante au milieu de la scène, la fleur au fusil, simplement armé de sa guitare et de son beau minois, sans complexe. Il nous délivre de sa voix suave sa folk délicate, idéale pour un dimanche soir. Les compositions sont jeunes et gagneraient à mûrir encore un peu mais il se sort plutôt bien de l'exercice périlleux qui lui incombe. Il module sa voix avec beaucoup de facilité, laissant planer un léger voile ensorcelant rappelant M. Ward.
Toutefois, comme cela peut aisément être le cas pour la musique acoustique, les morceaux s'étirent parfois un peu trop et le public finit par décrocher. Malgré une partie de l'auditoire enthousiaste pour encourager le jeune artiste, les spectateurs se font de plus en plus bruyants et bavards et le brouhaha vient entacher la prestation pourtant honorable du Suédois. Sa tentative d'accroche sur le dernier titre au ukulélé restera vaine et nous restons un peu dépités du sort réservé à Hector Projector par un auditoire irrespectueux.

Rapidement, la jolie Sumie Nagano, la plus japonaise des Suédoises, vient prendre la relève. Soeur de Yukimi Nagano, chanteuse du groupe de trip-hop Little Dragon (ayant fait une apparition sur le Plastic Beach de Gorillaz), Sumie n'a pourtant rien à voir musicalement avec son aînée. Elle débute en entonnant de son léger vibrato une ballade acoustique. Interpelée, je m'approche de la scène pour tenter de profiter au mieux. Sa voix, mélange de douceur et de puissance, prend rapidement possession de la salle.
Le public se fait plus attentif lorsqu'elle chante son désir d'indépendance. Sa petite bouille, son style frenchie avec son béret et sa courte frange à la Amélie Poulain la rendent encore plus attendrissante, mais force est de constater qu'au bout d'un moment, le set est un peu soporifique. Fort heureusement, l'ennui ne s'installera pas complètement, probablement grâce à la courte durée de celui-ci (à peine trente-cinq minutes).

Une rapide installation du piano et du xylophone et c'est avec une joie non dissimulée qu'arrive sur scène, sautillante, la pétillante Siobhan Wilson. Pour ceux qui seraient passés à côté du phénomène, il va falloir rattraper votre retard. Alors qu'on ne parle que d'Anna Calvi ces dernières semaines, la jeune Écossaise continue à se faire une place sur la scène musicale folk en arpentant les petites salles, pour le plus grand bonheur des spectateurs venus l'acclamer : on n'a pas fini d'entendre parler d'elle tant elle est talentueuse.
Signée sur le label participatif My Major Company (celui-là même où les internautes ont eu la malencontreuse idée de produire l'infâme Grégoire), elle a sorti son premier album, Songs, en juin dernier. Installée à Paris depuis quelque temps, c'est dans un français parfait qu'elle annonce que ce soir, elle est « en mode reprises », et en effet, nous aurons droit à une cover d'Alice Lewis, une autre, plus surprenante, de Tino Rossi, le I'm Still Here de Tom Waits et une chanson de Bon Iver.
Du haut de ses vingt-deux ans, Siobhan est à la fois timide et audacieuse, naïve et profonde. Lorsque sa voix éraillée vient se perdre dans les aigus, un frisson nous traverse la colonne vertébrale et on pense à Regina Spektor dans ses meilleurs jours, à l'époque de Soviet Kitsch. Son regard coquin, son air mutin, sa bonne humeur, tout chez elle transparaît la joie de vivre et c'est un régal de goûter à ses mélodies brutes délivrées avec la fougue de sa jeunesse.
Elle offre ses compositions avec passion, sans retenue ni fioriture. Elle alterne piano et guitare, a toujours un mot gentil ou drôle pour le public. Elle terminera ce concert beaucoup trop court par une reprise blues de son titre Getting Me down et, une fois encore, ce sera une totale réussite.

Si certains aiment à penser que la folk est ennuyeuse et redondante, l'écoute Siobhan Wilson pourrait bien leur faire changer d'avis.
setlist
    Play It Backwards
    J'attendrai
    I'm Still Here
    Protective Sheep
    Untitled
    Bat In The Garden
    Flume
    Getting Me Down
photos du concert
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