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shame

Feyzin, Epicerie Moderne - 5 novembre 2025

Live-report par Lena Inti

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Quelle joie de enfin retrouver les cinq londoniens de shame sur la scène de l'Epicerie Moderne à Feyzin !

Pour les habitant(e)s de la métropole de Lyon qui n'auraient pas eu l'occasion d'aller les voir ailleurs, c'est un soulagement. En effet le groupe est passé en première partie de Cage The Elephant au Transbordeur en 2017, avant même la sortie de son premier album Songs Of Praise. En mars 2021, le groupe devait jouer la même soirée que Billy Nomates dans le cadre du Transfer Festival, mais l'organisation avait dû reporter le concert à l'année suivante. En 2022, la venue de shame et de Billy Nomates est finalement totalement annulée. shame jouaient donc ce soir pour la première fois dans le coin en tête d'affiche de soirée, après avoir sorti... quatre albums !

Pour ouvrir la soirée, c'est un quintet de jeunes musiciens de Bristol qui fait leur entrée sur la scène de l'Epicerie Moderne : The Cindys. Musicalement, ce n'est pas si mal, mais pas toujours bien en place. Les morceaux sont assez mous, avec quelques fulgurances et bonnes idées. Malgré la bienveillance et la politesse du public, les applaudissements timides entre chaque morceau en disent long, et l'énergie ne circule pas entre le groupe et les spectateurs. Le chanteur semble un peu mal à l'aise et lance même un « Ne vous inquiétez pas, on va accélérer le rythme ». Et en effet, entre la deuxième partie et la fin du set, certains morceaux commencent plutôt efficacement mais pour retomber dans des travers où l'on perd vite intérêt. Quelques jours après, le 7 novembre, sort leur premier album éponyme. Nous verrons bien dans quelques temps voire quelques années ce qu'il en est, le groupe commence à peine son histoire et est soutenu et encouragé par shame.


Vers 21h40, les cinq énergumènes de shame entrent tranquillement sur scène, le leader Charlie Steen vêtu d'un pantalon remontant jusqu'au nombril et maintenu par d'épaisses bretelles. Il porte aussi un col blanc lui serrant le cou... mais pas de t-shirt. Par-dessus ? Une veste en cuir trop grande, et pour compléter sa tenue, des lunettes de soleil noires et des bottines marron. L'entrée en scène se fait sur le bruit d'un moteur de moto, et les lettres géantes de SHAME inscrites en rouge au fond font penser aux combats de catch. Le cadre est posé : le groupe, ou du moins le chanteur, joue avec les codes de la beauferie, plein d'autodérision. Le groupe ouvre avec un triptyque de son nouvel album Cutthroat : Quiet Life, Nothing Better et Cowards Around. Si le premier morceau est certes joyeux mais tranquille, les deux suivants regorgent d'énergie... contrairement à la foule.

Le public est positionné de manière plutôt éparse, et d'ailleurs ce soir le concert n'est pas complet. Le groupe récupère peu d'énergie du public à nous renvoyer. Malgré tout, Charlie Steen et Josh Finerty (le bassiste) donnent beaucoup (mais certainement moins que sur d'autres dates avec un public qui s'agite et pogote !). shame enchaînent les morceaux sans respirer et à partir de Concrete, titre à l'énergie bien punk, Josh commence à nous gratifier de ses sprints et de ses acrobaties avec la basse, spectaculaires mais inquiétantes car l'on se dit qu'à tout moment il peut prendre son instrument (ou le sol) en pleine figure.


Charlie Steen s'arrête régulièrement au bord de la scène, avec ou sans ses lunettes, pour regarder intensément le public, et l'on se demande quand il va se décider à se jeter sur la foule. L'enchaînement de Fingers Of Steel et Plaster, deux morceaux assez planants et nostalgiques, permet au set et aux musiciens de reprendre leur souffle, et on l'espère, au public de se préparer à bouger un peu plus. Le groupe envoie alors l'énervé Alphabet (Drunk Tank Pink). Toujours pas de pogo mais quelques fans s'agitent davantage, comme il se doit !

Charlie joue avec son image, son corps et ses postures, oscillant entre clowneries, sourires sincères, et leader qui fait les gros bras. Derrière lui, le bassiste continue de chercher à casser sa basse ou ses os en manquant de se prendre un câble ou de se rattraper parfois de justesse. On espère que ses instruments et ses membres sont assurés. Durant une heure quinze, shame jouent avec générosité dix-huit morceaux, mettant largement en avant Cutthroat, bien sûr, mais jouant également quelques classiques de Songs Of Praise comme Angie et One Rizla en fin de concert, ainsi que du génial deuxième disque Drunk Tank Pink, le sublime Snow Day et Water In The Well avec ses amusants accents à la Talking Heads. Les premiers rangs dansent un peu plus, mais il faut que Charlie demande clairement à la foule de se rapprocher de la scène et danser pour qu'un semblant de pogo se forme et que l'ambiance soit digne d'un concert de shame : le chanteur se jette dans la foule pour terminer en beauté sur le morceau Cutthroat et ses riffs puissants.

En somme, un très bon concert, généreux et équilibré comme une raclette accompagnée de salade verte, pas de risque de se prendre un pied dans la tronche ou un coup de coude dans les côtes, ce qui est aussi appréciable, et la joie d'avoir enfin pu voir en live shame qui, après quatre albums et de nombreuses tournées, en ont sous le pied !
setlist
    Quiet Life
    Nothing Better
    Cowards Around
    Concrete
    Tasteless
    Fingers of Steel
    Plaster
    Alphabet
    After Party
    Spartak
    Lampião
    Snow Day
    Born In Luton
    Adderall
    Water In The Well
    Angie
    One Rizla
    Cutthroat
photos du concert
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