Brett Anderson

Depuis la fin de Suede, Brett Anderson tourne autour du pot. Il y a quatre ans il était revenu avec un album enregistré à deux avec son ancien frère ennemi Bernard Butler pour recoller les morceaux sous le nom de The Tears. On avait cru à une reformation possible de leur groupe, mais il restait encore des démons à apprivoiser.

Après avoir fait la paix avec son ancien compagnon d’arme, c’est avec lui-même que Brett a des comptes à régler. En plus de la lutte fratricide avec Bernard, ce sont aussi ses propres problèmes et notamment son addiction aux drogues qui ont mené leur groupe devenu mythique à se saborder. Alors pour se retrouver, Brett fait des albums en solo. Deux en à peine un an pour être exact.

Wilderness est un album profondément triste et nu : un piano joué par Brett, un violoncelle, et sa voix au timbre cassé. L’artiste exécute presque seul et en acoustique des chansons qui supporterait des guitares, une basse, une batterie et pourquoi pas une section de cordes bien garnie. Sur les premiers titres, ce dépouillement austère rebute et le vide est trop manifeste. Le malaise que dégage cette absence se communique à l’auditeur. S'il faut être un peu masochiste pour rechercher ce genre de sensation, il faut reconnaître à Brett Anderson ce talent pour retranscrire le spleen adolescent.

Blessed marque un tournant dans l’album. Toujours aussi dépouillée, sur ce titre, la voix est plus affirmée et même si la mélodie est sur un accord mineur, le chant est plus optimiste : « you smile and I am blessed », tu souris et je me sens béni. Le morceau Back To You, chanté avec Emmanuelle Seigner, vaut à lui seul de découvrir cet album introspectif. Le dialogue entre les deux voix et la montée progressive du morceau sont parfaitement réussies.

Ce mini-album d’à peine trente minutes, d’une infinie tristesse, ravira ceux qui pourront le supporter et dépasser les quatre premiers morceaux, délibérément (?), misérables.