Chronique Album
Date de sortie : 26.09.2011
Label : Brett Anderson Ltd
Rédigé par
Amandine, le 21 septembre 2011
Pour fêter ses quarante-quatre printemps (ce qui ne nous rajeunit pas), Brett Anderson s'était déjà payé le luxe de réunir les mythiques Suede pour un retour triomphal durant cet été, écumant les festivals et faisant à nouveau vibrer notre estomac en même temps que ses cordes vocales. Néanmoins, la Grande Seringue a décidé de ne pas s'arrêter en si bon chemin et nous délivre donc son quatrième album solo, sobrement intitulé Black Rainbows.
La dernière fois que Brett Anderson avait voulu nous faire part de ses déboires, c'était en 2009 avec Slow Attack, et le moins que l'on puisse dire, c'est que le résultat était bien en-dessous de toutes les attentes. Après une carrière glorieuse avec Suede, toujours soulignée par le songwriting si inspiré de Mr Anderson, il semblait que ce dernier était en mal d'inspiration mais persistait tout de même à vouloir prouver le contraire. Aujourd'hui, avec Black Rainbows, fini le dépouillement et les compositions acoustiques : Brett a décidé de faire un retour aux sources, celles du rock, à la fois sombre et élégant, à l'image de son inspiration de toujours, David Bowie .
Dès l'entame sur Unsung, les guitares grincent à nouveau et on retrouve la voix envoûtante, un brin nasillarde, de notre idole de jeunesse. L'impression première est loin de ce à quoi l'on pouvait s'attendre à la vue des trois albums solo précédents. Brett Anderson se tourne à nouveau vers l'électrique et peu à peu, au fil des titres, on retrouve les éléments qui avaient fait le succès de Suede dès leurs débuts : un rock obscur (The Exiles), un lyrisme solennel à la Bowie sur I Count The Times où l'Anglais s'adonne à nouveau à des thèmes qui lui sont chers (la souffrance en fer de lance) sans toutefois tomber dans l'emphase et le pathos comme il avait pu le faire auparavant.
Certains titres ne sont pas sans rappeler le passé au sein de Suede (This Must Be Where It Ends en est un exemple parfait) mais jamais il ne fait dans le déjà -vu. A l'écoute de Brittle Heart, premier single de Black Rainbows, tous nos doutes sur l'inspiration pseudo perdue de Brett s'envolent : un songwriting soigné et inspiré, une orchestration moins dépouillée que sur Slow Attack et surtout, un refrain à la mélodie accrocheuse. On pourrait faire la fine bouche en se demandant si ce morceau n'a pas été calibré pour quelques passages radio nécessaires mais ne boudons pas notre plaisir de retrouver un tel niveau de composition.
L'apogée de cet opus arrive sans doute avec Actors : un simple riff bien amené, un crescendo avant un refrain avec quelques gimmicks (« And I 'm falling, falling ! ») entêtants, un pont planant avant de repartir vers du rock plus dur. Le rythme ne redescendra finalement qu'en fin d'album avec Possession , la seule ballade, venant clore le plus rock des albums de Brett Anderson.
Si certains le pensaient fini, le leader de Suede vient ici nous prouver qu'il en a encore sous le pied. En se rabibochant avec le rock et en mettant un peu plus de côté son introspection et son mal-être, Brett Anderson signe un album quasi parfait, pour les fans comme pour les novices. Espérons que le 7 octobre prochain, Black Rainbows nous fasse une aussi bonne impression en live !