Chronique Album
Date de sortie : 28.06.2004
Label : EMI
Rédigé par
David, le 13 juillet 2004
Retour vers le futur.
Suivant un certain courant musical ("mondialisé" par Is This It ? en 2001) consistant en gros à faire du neuf avec du vieux, on pensait avoir fait le tour de la question concernant les bonds en arrière dont étaient capables tous ces nouveaux groupes post-2000 du point de vue des influences musicales et de la production sonore (la palme revenant jusqu'à présent aux albums des Kings Of Leon et des Black Keys respectivement ode à l'Amérique profonde et acte de foi aux expérimentations sonores de Jimi Hendrix). C'était oublier un peu vite l'Angleterre qui nous envoie en 2004 ses meilleurs représentants au titre de "nostalgique des années 1960" avec The Bees!
En 2002, deux amis d'enfance originaires de l'île de Wight, Paul Butler et Aaron Fletcher, s'enfermaient dans un petit studio fait-maison, créaient The Bees et sortaient un premier album Sunshine Hit Me encensé par la critique mais passé relativement inaperçu aux oreilles du grand public. Cette année, on risque fort d'entendre parler un peu plus d'eux, la faute à ce deuxième album Free The Bees, qui devrait combler toutes celles et ceux qui se lamentent jour après jour de ne pas être nés dans les années 1950.
These Are The Ghosts et le premier single Wash In The Rain composent une introduction parfaite à leur univers sonore: ritournelles pop joliment troussées, ces chansons permettent de découvrir (et c'est une nouveauté) les 4 autres musiciens qui composent The Bees en 2004; ainsi, leur son s'il reste très brut s'est vraiment enrichi de multiples instruments qui, vous vous en doutez, ne sont pas des ordinateurs ou autres séquenceurs, et pour cause!! Piano, trompette, orgue Hammond, mandoline ou autres clarinettes, voici le programme des réjouissances rencontrées tout au long de ce Free The Bees enregistré cette fois dans le mythique studio d'Abbey Road.
Mais attention, même si les influences des Bees sont clairement à rechercher du côté des Beach Boys, des Kinks ou des Beatles (plutôt période 1965-1966) rien n'empêche les auditeurs les plus jeunes de rentrer de plein pied dans leur univers sans forcément connaître toutes les références au passé et c'est d'ailleurs une part importante de la réussite de cet album et du plaisir immédiat qui accompagne son écoute.
Ainsi les amateurs de The Coral ou plus récemment de The Zutons, apprécieront forcément ce Chicken Payback joyeusement indiscipliné ou ce No Atmosphère qui fait immédiatement son effet (par son couplet à la mélodie entêtante avant que les choses ne s'accélèrent légèrement sur le refrain dans un bordel sonore savamment organisé). Les fans de guitare se réjouiront de la superbe Horsemen qui, outre un riff d'intro imparable, propose un solo génial au son "sale mais limpide" quasi-parfait. Les éternels romantiques se tourneront plutôt vers The Start et craqueront certainement devant la ballade I Love You, véritable petite merveille d'émotion et de tendresse qui, dans un monde parfait, serait forcément le seul et unique slow autorisé à prendre l'air cet été!
Alors certes, tout n'est pas non plus exceptionnel dans ce Free The Bees, à commencer par le pénible instrumental The Russian, s'étirant anormalement au-delà des 5 minutes et, à un moindre degré, quelques morceaux agréables (Go Karts par exemple) mais qu'on oublie assez vite à cause d'une trop forte sensation de "déjà entendu". Mais ne soyons pas rabat-joie, d'autant plus que les deux dernières chansons, la courte mais entraînante One Glass Of Water et ce This Is The Land "woodstockien" clôturent ce disque de la plus belle des manières.
Pas de révolution sonore à l'horizon donc en découvrant ce Free The Bees (et c'est tant mieux!) mais la très agréable sensation (un peu comme à l'écoute de Youth And Young Manhood finalement et ce, même si le style est foncièrement différent) de tenir un groupe "vrai", préférant veiller à l'unité sonore de leur album plutôt qu'aguicher les oreilles peu affûtées par des singles douteux; car une chose est certaine, ces Bees-là ne font pas dans le vieux parce que la mode actuelle le veut mais bel et bien car c'est leur mode de vie et l'unique chose en laquelle ils croient. Et si le monde entier s'intéresse finalement à eux, ce ne sera donc que justice.