Dark Captain

Au premier abord, ce disque de Dark Captain Light Captain pourrait sembler frileux, voir réservé. Sans aspérités, aux variations très contrôlées, ce Miracle Kicker s’expose plus que ne s’impose. Car c’est dans la nuance que se révèle le plus fortement ce premier album des Anglais, c’est bien dans les interstices de ces vagues que se déchaînent les plus antagonistes des sentiments. Entre furie et froideur, entre candeur et gravité.

Avec ces faux airs contemplatifs, ce Miracle Kicker fait ainsi bonne figure en sa belle vitrine. En ces efficaces compositions et une production soignée, on aurait pu en rester là et ne pas voir derrière fins arpèges et ces voix éthérées. Imposant parfois des montées progressives post-rock, les voix dédoublées allègent le tout pour déclamer une ambiance aux sensations pesantes et palpables. Le rapprochement le plus évident est sans aucun doute celui à faire avec les Kings Of Convenience. Bien qu’avec un sens de l’urgence un peu plus développé que leurs illustres prédécesseurs, les Dark Captain Light Captain leur partage surtout cette capacité à créer l’accalmie. Cette douceur paradoxale couvrant l’orage en devenir.

Miracle Kicker, c’est finalement cette bouffée d’adrénaline avant le feu de l’action, où tout devient flou avant de devenir complètement fou. Par ces déroulements d’horizons vastes, les chansons de Dark Captain Light Captain revêtent une teinte particulière, mettant en avant de nombreux paradoxes. L’utilisation de la voix comme instrumentalisations dédoublées tandis que ce sont les instruments qui mènent et font varier le tempo, les sensations de volontés de fuites en avant tandis que les mélodies paraissent toutes sauf oppressantes. De cette antinomie inhérente, les compositions de Dark Captain Light Captain semble bien sonner comme les unes des plus palpitantes de cette fin d’année.

Avec un nom aussi évocateur, Miracle Kicker, ce premier opus est en effet un véritable pied-à-terre. Idéalistes et rêveurs sans être naïfs, les Dark Captain Light Captain se refusent à la contingence du lendemain et préfèrent créer une musique fortement contemporaine, quitte à sonner comme hier. C’est ça, être réaliste.