Doves

Plus de quatre années après un Some Cities dont le succès critique n'eut d'égal que la déception commerciale ayant découlé de ses ventes, les trois anglais de Doves sont de retour avec leur quatrième album studio. Si une telle attente aurait pu faire douter de la capacité du groupe à se renouveler ou à conserver son unité dans la difficulté, Kingdom Of Rust est la preuve évidente que l'inspiration et le talent n'ont jamais quitté la formation mancunienne.

Longtemps confiné dans un un style pop plus ou moins conventionnel, Doves démontrent ainsi tout au long de ce nouveau disque leur aptitude à évoluer et explorer de nouveaux territoires, les sonorités électroniques étant clairement placées au centre de toutes les attentions comme le démontre d'emblée Jetstream, long titre d'ouverture mêlant textures synthétiques et structures dansantes avec une maîtrise surprenante. Une première réussite que le récent single Kingdom Of Trust ne fait que confirmer, le groupe prouvant une fois encore sa capacité hors-norme à construire de longs titres épiques à l'image des classiques There Goes The Fear, Pounding ou Walk In Fire ayant fait la gloire du trio tout au long de sa carrière.
Si les deux plus brillantes compositions de ce cru sont dévoilées d'entrée, les neuf autres inédits rassemblés ici regorgent tout autant de qualités, le groupe parvenant à orienter son chemin avec une certaine mesure sans jamais tomber dans la facilité ou l'auto-parodie. Que l'on se retrouve face à The Outsiders, porté par un tempo accéléré et une ligne de basse imparable menant le groupe vers un univers plus dansant, ou d'autres titres tels que House Of Mirrors et 10.03, plus classiques mais non moins prenants, la qualité d'écriture et la diversité des univers parcourus sont immédiatement reconnus comme les plus belles preuves du renouveau de Doves.
Un renouveau auquel Martin Rebelski, quatrième membre non officiel du groupe préposé aux claviers en période de tournée, est comme à son habitude resté étranger, les influences plus expérimentales, progressives voire krautrock que dégage que le disque étant imputable au seul trio de base. Un choix entériné et parfaitement accompagné par Jimi Goodwin, toujours impérial au chant, mais aussi par le batteur Andy Williams dont les relais vocaux ponctuels, notamment sur Jetstream, se révèlent un parfait complément et une alternative de choix à ce que le leader de la formation peut offrir.

Sans être aussi majestueux et immédiat que The Last Broadcast au premier abord, Kingdom Of Rust révèle ses possibilités au fil des écoutes, laissant espérer pour Doves une consécration tout aussi marquante que celle rencontrée par Elbow dans un passé récent.