Doves

2009 voyait Doves clôturer leur aventure musicale avec le non moins réussi Kingdom Of Rust. Si le groupe a joué les prolongations sur scène, cela faisait onze ans que les mancuniens n'avaient pas alimenté nos oreilles avec leurs pop songs, tout au moins au grand complet. Car que ce soit Jimi Goodwin sous son propre nom en solo (gros bof), ou les deux frères Williams dans la sensationnelle aventure Black Rivers, le trio n'avait jamais repris ensemble le chemin des studios.

Mais cette fois, c'est bel et bien réel. Les trois britanniques ont donné naissance au cinquième album de Doves. Cinq disques seulement (ne tenons pas compte du Best Of et autres compilations, malgré leurs contenus ô combien essentiels) en vingt ans, certes avec une pause de dix ans, cela fait quand même peu. C'est pourquoi cette nouvelle arrivée nous est apparue comme précieuse.
Est-elle cependant à la hauteur ? Carousels, premier extrait de The Universal Want, est un indicateur non négligeable. Efficace et relativement proche de Doves première période (Lost Souls), la chanson repositionne le groupe d'emblée. Malgré un manque de succès en France, le trio de Manchester nous a souvent gâtés avec des pépites pop flamboyantes. Aussi, même si ce teaser peut sembler assez peu original, leur patte est toujours là. Efficace et charmeuse, la chanson illumine le démarrage d'un disque qui va nous séduire de bout en bout. Après cette intro réussie et pour le moins étincelante, les quinquagénaires vont nous dévoiler ce qui pourrait s'apparenter à leur meilleur disque.

Pourtant, il paraissait très difficile voire impossible de dépasser l'exceptionnel The Last Broadcast. Dès l'entame de I Will Not Hide (légèrement gâchée par la voix de cartoon qui vient se muer par moment dans la chanson), la beauté sonore inonde nos oreilles. Les guitares intrépides, la rythmique follement calibrée et la voix de Jimi, enfin, à son plus haut niveau. Subtile, efficace, Broken Eyes est un single irrésistible. C'est à ce moment-là, alors que nous n'en sommes qu'au premier tiers de l'album, que nous avons compris le pourquoi au-delà du besoin de sortir ce nouveau disque.
For Tomorrow (rien à voir avec le single de Blur) et sa batterie cadencée ne pourront que vous enchanter. Les chansons défilent, parfois délicates (Cathedrals Of The Mind), parfois percutantes, (Mother Silverlake), mais surtout toujours réussies. Doves effectuent un véritable sans-faute pendant la petite cinquantaine de minutes d'un disque qu'on trouvera au final trop court. N'oublions pas Prisoners, tube absolu, qui nous ramène dix ans plus tôt vers ce single déjà magique qu'était Andalucia.

Retour absolument gagnant pour la bande de Manchester. On ne s'attendait pas à un tel bonheur et une telle classe dix ans après que le groupe ait décidé de débrancher les amplis. Sensationnel de bout en bout, The Universal Want figurera assurément dans le top 10 des albums de l'année. Espérons juste qu'il ne faille pas à nouveau attendre une nouvelle décennie pour connaitre un tel plaisir, surtout dans un moment où tout est devenu aussi incertain.