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Doves

Interview publiée par Fab le 17 avril 2009

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Après quatre années d'une trop longue absence, Doves ont publié au début du mois un quatrième album, Kingdom Of Rust, acclamé par la critique. En plein milieu d'une courte tournée anglaise, le groupe nous accordait récemment une session de questions/réponses pour Sound Of Violence...

Près de quatre années vous ont été nécessaires pour achever l’enregistrement de Kingdom Of Rust, pouvez-vous revenir sur cette période ?

Nous avons d’abord souhaité prendre du recul durant les premiers mois de l’année 2006 pour recharger nos batteries et prendre du recul par rapport au groupe. Après avoir passé près de six années ensemble à voyager à travers le monde et enregistrer des disques, il nous fallait faire une pause. Cela nous a permis de revenir avec des idées fraîches et une nouvelle vision de notre métier. La suite a été plus conventionnelle mais l’enregistrement de l’album en lui-même a été plus long que prévu…

Vous avez donc passé plus de deux années en studio, beaucoup plus que ce que vous aviez envisagé. Comment s’est déroulé ce processus ?

Dès le départ nous savions qu’il nous faudrait écrire le plus possible de chansons pour cet album en particulier. Pour nos trois premiers disques, notre dynamique était encore celle d’un jeune groupe et il nous semblait plus facile d’écrire des chansons de qualité. Some Cities a donc constitué un tournant et nous en sommes ainsi venus à travailler sur pas moins d’une quarantaine de compositions durant cette période, ce qui explique que nous ayons eu besoin de plus de temps !

Après avoir consacré tant d’heures de travail pour ce seul disque, je suppose que le résultat est sensiblement différent de ce que vous imaginiez au départ ?

Si l’on se base uniquement sur les chansons en elles-mêmes, le résultat me semble fidèle à nos attentes. Je crois toutefois que le disque a pris une tournure plus « sonique » que prévue en raison du travail fourni sur la durée pour rendre meilleures nos nouvelles compositions.

Quel a été le comportement de votre maison de disques alors que Some Cities n’avait pas connu un succès commercial comparable à celui de The Last Broadcast ?

Notre maison de disques ne nous avait pas fixé d’impératifs particuliers. Nous avons la chance de pouvoir travailler tous les jours avec des personnes très compréhensives, personne ne nous a mis la moindre pression durant l’enregistrement de Kingdom Of Rust.

Il y a quelques semaines, le premier extrait de cet album, Jetstream, a été proposée en téléchargement gratuit sur Internet. Pourquoi avoir choisi cette chanson en particulier ?

La raison principale est que cette chanson nous semblait constituer un bon aperçu de ce que le public pouvait attendre du disque d’un point de vue général. La guitare, tout en restant très traditionnelle, y possède une certaine importance mais il s’en dégage aussi une vraie sensibilité dansante.

Le choix de publier Kingdom Of Rust en tant que single était lui aussi logique à vos yeux ?

Cette chanson est de la même manière plutôt représentative du disque. En écoutant ces deux chansons, une personne peut comprendre quel sera le ton global de cet album.

D’une manière générale, ce disque semble plus expérimental que les précédents…

Je ne crois pas ! Nous n’avons jamais réellement voulu produire un disque dit « expérimental », du moins pas comme une finalité. Si au final cette impression semble se dégager du disque, ce n’est qu’une conséquence découlant du processus d’enregistrement.

Certains titres comme Jetstream laissent à penser que la musique krautrock vous a inspirés pour ce disque…

Nous ne nous en cachons pas, nous adorons des groupes comme Can et Neu!. Il n’est donc pas insensé de penser que ce style de musique a pu nous influencer durant l’enregistrement de cet album.

Martin Rebelski a toujours été le quatrième membre non officiel du groupe. A-t-il joué un rôle dans cette nouvelle orientation ?

Martin n’a jamais été impliqué dans le processus créatif du groupe, il est bien trop occupé par sa vie de claviériste pour trouver le temps nécessaire à ce genre d’obligations !

Jez a récemment décrit ce disque comme « schizophrénique mais aussi très cohérent », pouvez-vous expliquer cela ?

Je crois que si l’on balaye le disque du début à la fin, nous couvrons beaucoup de terrain en termes de styles musicaux et d’ambiances. C’est d’autant plus surprenant que certains de ceux-ci nous étaient jusqu’alors étrangers et auraient pu paraître incohérents, mais au final le cheminement est logique.

D’un point de vue lyrique, quels thèmes avez-vous abordé ?

La plupart de nos albums possèdent un fil rouge autour duquel les chansons sont développées. Nous partons toujours de situations stressantes, physiquement ou émotionnellement, et ce fonctionnement s’applique encore certainement pour Kingdom Of Rust. Même des mots ou des phrases qui peuvent sembler sans lien direct peuvent former un ensemble et amener à l’apparition d’idées fraîches.

Cet album a encore une fois été enregistré avec Dan Austin, pourquoi êtes-vous si inséparables ?

Nous travaillons depuis des années avec Dan. C’est une machine purement et simplement inarrêtable et je crois que sans lui nos disques ne seraient pas les mêmes. C’est quelqu’un de réellement talentueux.

Vous avez malgré tout collaboré avec John Leckie sur une poignée de titres, pourquoi cela ?

John a produit Winter Hill et 10:03 sur cet album. En réalité l’enregistrement de Kingdom Of Rust a débuté avec lui puis une connaissance lui a proposé de partir en Inde durant quelques temps pour travailler sur un autre projet. C’était quelque chose qui lui tenait vraiment à cœur, et sachant que nous étions sur la bonne voie pour notre nouvel album, il a donc accepté la proposition. Nous avons apprécie de le rencontrer, autant comme personne que producteur.

Pourquoi Kingdom Of Rust est-il devenu le nom de l’album en plus de l’une de vos chansons ?

Andy a écrit cette phrase durant la période où il composait la chanson. Ce n’est que plus tard, à la fin des sessions d’enregistrement, que nous avons décidé de l’utiliser en tant que titre de l’album car nous avions le sentiment qu’elle englobait l’ensemble de nos nouvelles chansons.

Vous n’avez encore jamais réellement connu le succès en Europe, pourquoi selon vous ? Est-ce que Kingdom Of Rust ne pourrait pas être le disque du changement ?

J’aimerais en connaître les raisons… si quelqu’un peut nous le dire, qu’il le fasse ! Nous espérons que les choses seront différentes pour cet album.