Lisa Hannigan

On se souvient de Lisa Hannigan comme la co-soliste de Damien Rice, l’accompagnant pendant près de sept ans de studio en tournée, de sa jolie voix tout en retenue. Désormais, ce raccourci rapide n’est plus légitime. En effet, forte de l’expérience acquise aux cotés de Damien Rice, notre jeune Irlandaise s’est concoctée tout un cahier de chansons qu’elle a judicieusement mis en musique une fois leur collaboration terminée. Ainsi nait Sea Sew, signé chez Hoop Recording et sorti fin avril.

Après le succès d’un premier concert en solo à l’église Saint John de Londres, Lisa Hannigan voit son talent remarqué et reconnu, puisque son album est sacré « Best Irish Album » lors de la cérémonie des Meteor Music Awards (équivalent des Victoires de la Musique en Irlande). D’ailleurs, le constat est rapidement établi à l’écoute de An Ocean And A Rock, morceau d’ouverture de l’album : la douce voix de Lisa emplit tout l’espace et s’entortille autour des cordes avec légèreté, de façon à vous donner le frisson et vous transporter irrémédiablement vers un sentiment d’apaisement. Il est de ces chansons qui vous touchent de par leur simplicité, et vous donnent inexplicablement un sourire béat. C’est un peu ce à quoi parvient Lisa.

La magie se poursuit sur Sea Song, son pizzicato et ses paroles murmurées. Le folk vaporeux se distille paisiblement jusqu’à la mise en abyme de Keep It All, dont la batterie dégage une force langoureuse plus pop, alors que les chœurs du final habillent le tout d’une emphase dramatique. Incontestablement ce morceau jouit d’une composition plus complexe, alors que Courting Blues ou encore Pistachio résonnent telles de jolies ballades folk, sans plus.
Teeth témoigne de la puissance vocale de notre Irlandaise, un peu façon Fiona Apple, entre romantisme de haute tenue et force dynamisante. L’album se clôt avec Lille, dont le xylophone salvateur donne des allures de comptine à la tristesse des paroles et nous berce gentiment les oreilles, une dernière fois.

En dix titres seulement, Lisa Hannigan nous ouvre les portes d’un univers sensible et poétique, et bien que l’on sente qu’il s’agit d’un premier album hésitant encore à trouver ses marques, le résultat est plus qu’encourageant. L’ombre de Damien Rice n’est plus, bienvenue au charme de Lisa, tout court.