Telegraphs

Fer de lance de la nouvelle vague du rock britannique depuis deux ans, lesquels ponctués de singles plus réussis les uns que les autres comme le brillant The Rules Of Modern Policing, le jeune quintette bouillonnant de Brighton éclot enfin en donnant le jour à son premier opus We Were Ghosts. Celui-ci, aux antipodes du syndrome des formations de rock indépendant d’outre-Manche dont le premier album fait souvent figure de compilation des singles passés, bénéficie de la production du magicien Dave Eringa et nous gratifie de huit nouvelles compositions ainsi que de deux anciennes complètement réarrangées.

Dès les premières mesures de l’introduction The Argument, on retrouve la percussion unique, de même que la grande fluidité du jeu des musiciens, dans le cadre d’une chanson où la subtilité le dispute à l’énergie. Ainsi les brûlots s’enchaînent avec brio, à l’instar du poignant We Dance In Slow Motion et du somptueusement agressif Your First Love Is Dead. Très vite, on se prend à comparer le combo, eu égard à l’inspiration et l’efficacité des titres, aux références du genre comme feu Kinesis, le Manic Street Preachers de Generation Terrorists, ou encore plus récemment Lost Alone.

Bref, au fil des onze morceaux de l’opus, qui oscillent entre un rock à tendance dure, parfois inspiré de Midasuno, à l’image de Forever Never et de Eyes Stitched Open, un rock plus progressif et intimiste au tempo plus lent, comme en témoigne What’s So Good About Goodbye ?, et de nouvelles versions époustouflantes de vieux singles mythiques, So Cold, par exemple.

Sans concessions ni fioritures, la musique de Telegraphs est d’une authenticité rare. En effet, loin d’être téléphonée et prévisible, elle ne cesse de nous surprendre par son inventivité et son inspiration. Proposant à la fois une myriade d’univers différents et une grande homogénéité et une exemplaire rigueur dans l’écriture musicale, We Were Ghosts est tout sauf un album fantôme et mérite de figurer au sein de la collection de tout amateur de rock anglais digne de ce nom.