Maps, à l’époque déjà, était en avance. Lors de la sortie de son premier album, James Chapman se portait comme une bête de foire, esseulé dans un genre encore peu encombré comme aujourd’hui. L’électro-pop connaissait ses prémices avec
We Can Create qui était alors considéré comme un anachronisme à l’image d’un M83 encore plus accessible. On considérait alors Maps comme héritier du shoegaze, car on ne savait comment décrire encore cette musique à la fois, ni dansante, ni renfermée, mais au contraire très immédiate et pétillante. On se refusait l’idée que quelque chose de positif avait pu ressortir de l’électro-kitsch des années 80, et s’il est vrai que les morceaux du premier album de Maps pouvait laisser planer le doute, le mouvement récent d’électro-pop (
Air France, Tough Alliance, Cut Copy) ainsi que
Turning The Mind ne laissent plus aucun doute.
Chapman puise désormais directement ce puit affable comme si le succès de son premier album l’avait libéré de tout poids. Car
Turning The Mind dulcifie de manière probante le son de Maps. Exit les nappes à tendance noisy, ici les couches d’électro saturantes viennent investir le terrain de la pop aujourd’hui assumée de Chapman. Le son est un peu moins brumeux, tandis que le chant se veut plus profond et moins mystérieux. L’album s’enrichit ainsi de sonorités synthétiques bariolées et ostensibles (
The Note (The Voices), Love Will Come) que certains trouveront certainement rebutants, voire régressifs.
Néanmoins, tout cela s’inscrit dans une démarche que nous propose Chapman. Il décide de pousser son chant dans un registre résolument pop (
Valium In The Sunshine, Everything Is Shattering), accompagné de compositions fastes et toujours travaillées où le meilleur (
I Dream Of Crystal) côtoie le plus mauvais goût convenu (
Let Go Of The Fear). En ce sens,
Turning The Mind est un exercice, quelque part périlleux, mais courageux et humble, d’un artiste construisant une œuvre en pleine phase avec ses influences, ses ambitions, mais surtout son inspiration. Maps sort donc la tête de sa nébuleuse pour rencontrer le monde auquel il appartient.