Alors que son premier album, We Can Create, s'apprête à sortir en Europe, James Chapman, cerveau et créateur de Maps, s'entretenait récemment avec nous sur son récent passage en France, ses projets et son univers musical très personnel...
Tu as fait tes débuts scéniques français en mars à Paris, qu’en as-tu retiré ?
Un très bon moment ! C’était une bonne opportunité pour moi-même si peu de gens me connaissaient à cette époque. Je n’avais aucune espérance particulière vis-à-vis de ce concert, c’était déjà une grande chance de pouvoir venir en Europe si rapidement alors que Mute n’avaient pas encore sorti mon album. J’ai pris beaucoup de plaisir durant cette soirée, la salle de la Maroquinerie est très belle et j’apprécie l’ambiance qui y règne. Le public n’était pas très réactif, il écoutait sagement mes chansons mais il m’encourageait beaucoup. C’est bon signe !
Maps est un mot parmi tant d’autres pour ceux qui ne te connaissent pas, est-ce que tu peux donc présenter ton parcours musical ?
J’ai commencé à écrire mes propres chansons à l’âge de dix-sept ans. Je jouais à cette époque dans un petit groupe qui n’a pas duré et j’ai donc poursuivi ma carrière en solo. Je m’enfermais durant des heures dans ma chambre pour répéter et j’enregistrais mes chansons sur un vieil enregistreur à cassettes. J’ai aussi suivi une formation de violoniste à partir de six ou sept ans puis un peu de batterie et d’autres instruments par la suite.
Penses-tu qu’il est plus simple de t’exprimer au sein d’un groupe ou en solo ?
Je préfère travailler seul. Je suis libre de mes choix et personne n’interfère dans ce que je fais… mais la présence d’un groupe qui t’accompagne apporte aussi de bonnes choses. Quand je donne un concert, mes musiciens apportent un peu de vie sur scène et je pense que c’est une chose importante pour les personnes qui payent pour voir Maps.
Tu ne pourrais donc pas jouer sans eux ?
J’y ai réfléchi, principalement à l’époque où je n’avais pas suffisamment d’argent pour partir en tournée avec des musiciens… Au fond de moi j’ai toujours voulu donner des concerts avec d’autres musiciens, cela apporte une véritable excitation. Même si certains sons du disque sont samplés, la plupart des instruments nécessitent la présence d’une personne.
Le rendu « live » de tes chansons est véritablement différent de ce qu’on peut entendre sur tes albums. Plus organique, plus puissant également…
Ce sont deux aspects différents que j’apprécie tout autant. J’adore créer de nouvelles chansons, travailler et composer dans ma chambre des morceaux que je pourrais ensuite jouer en concert. Le travail en studio vient dans un premier temps mais il est indissociable de l’aspect scénique, ils se complètent mutuellement.
Après avoir sorti une poignée de singles sur ton label Last Space Recordings tu as rejoint Mute. Pourquoi ce choix ?
Mute est un excellent label, peut-être même le meilleur choix que je pouvais faire. Ils m’ont contacté après avoir entendu mes toutes premières démos alors qu’aucun single ou EP n’était paru, c’est une belle preuve de soutien je pense ! Des personnes sont venues me rencontrer puis me voir en concert alors que je n’en étais qu’à mes débuts à cette époque. J’ai toujours senti un vrai soutien de leur part, même lorsque je n’étais rien du tout en tant que musicien. Ce n’était pas mon rêve initial de travailler avec Mute, mais l’enchaînement des événements ces deux dernières années m’a logiquement poussé à mettre en place cette collaboration.
On te compare souvent à My Bloody Valentine, Low ou Spiritualized, cela te semble justifié ?
J’adore ces trois groupes, Loveless est même l’un de mes cinq disques favoris. Je n’aime pas me restreindre musicalement, j’apprécie l’électronique bien entendu mais aussi la musique transe, le rock… tous ces styles m’influencent quand je compose. Il est possible que je fasse un remix d’une chanson de Low prochainement, le groupe me l’a demandé et ce serait une fierté en tant que fan…
Aimerais-tu collaborer avec d’autres artistes ?
Ce serait fantastique de travailler avec Spiritualized, et ce dans n’importe quel contexte.
Les titres de tes chansons ont une connotation très personnelle, je suppose qu’il en est de même pour tes textes ?
Mes expériences d’adolescent puis de jeune adulte sont très présentes dans mes chansons, c’est ma source principale d’inspiration. Avec les années j’ai rencontré de nouvelles personnes, vécu des relations très différentes, et je pense qu’une part de mélancolie est présente dans mes chansons. J’ai toutefois voulu apporter une touche de joie dans cet album, un côté plus enjoué peut-être plus enfoui. C’est aussi pour cela que j’ai intitulé le disque « We can create », afin de montrer que l’espoir est permis et qu’il est possible de donner naissance à de nouvelles choses. Cet album correspond en quelque sorte à la renaissance de Maps, le début d’une nouvelle aventure. Il était nécessaire pour moi d’apporter cette touche de diversité.
Le besoin de chanter a-t-il toujours été évident pour toi ?
J’aurais pu composer des bandes originales de film, des chansons plus expérimentales sans chant. J’aimerais avoir cette opportunité un jour, pouvoir travailler avec un réalisateur de film pour composer un disque en parallèle avec un scénario. Je passe beaucoup de temps à préparer les arrangements de mes chansons, à construire des mélodies intéressantes, et tout cela se rapproche d’un travail de création purement instrumental. Lorsque le chant est absent, il faut parvenir à transmettre les émotions différemment et cela demande obligatoirement un énorme travail. C’est un aspect musical qui me plait.
Tu t’es installé en Islande pour enregistrer ton album avec Valgeir Sigurdsso, peux-tu m’en dire plus sur cette décision ?
Je ne le connaissais pas jusqu’au jour où Mute m’a parlé de lui. J’ai appris par la suite appris qu’il avait travaillé pour Björk et Sigur Ros et je l’ai donc rencontré à Londres dans un pub pour discuter et apprendre à le connaître. Le courant est bien passé entre nous et on a décidé de collaborer pour mon album. Sa présence a été importante mais la majorité de mes chansons existaient déjà avant d’entrer en studio, il n’a apporté que des retouches là où il l’estimait nécessaire. C’était un peu étrange d’arriver dans un grand studio après avoir passé des années à bricoler dans ma chambre, mais l’expérience s’est révélée très positive.
Il ne te reste donc plus qu’à attendre le verdict du public et de la presse ?
En quelque sorte… je vais donner beaucoup de concerts au Royaume-Uni durant le mois de mai, à la fois avec 65daysofstatic et Blonde Redhead, et j’espère avoir une chance de jouer en Europe dans quelques festivals !