James Chapman, aka Maps, retrouve le chemin de nos platines avec un album encore très différent des précédents. Faisant honneur à son label, Mute, les deux seules constantes de ses disques sont la recherche de la perfection sonore et le renouvellement perpétuel. A force, on peut reconnaître dans Maps une rencontre paradoxale entre une musique électronique et par conséquent essentiellement technologique, et des ambiances inspirées du cadre de vie champêtre de son protagoniste.
Véritable ermite et sorcier sonore, James Chapman puise au plus profond de son âme les ambiances et les sentiments qu'il veut mettre en musique. Pour Counter Melodies, on imagine volontiers le musicien se décidant à sortir de sa maison après les confinements. Mais comme dans un conte fantastique, la porte s'est ouverte sur un monde différent peuplé de fantômes et de souvenirs.
Après un album presque pop en 2019, tous les morceaux sont cette fois-ci des instrumentaux. Même s'il a perdu sa voix, au sens artistique, cela n'empêche pas le compositeur de raconter une histoire et de nous emmener dans un voyage étrange entre rave party et rite payen. La reverb ne permet pas de savoir si l'on est dans un champ ou coincé derrière son portable, si c'est un rêve pas suffisamment inquiétant pour virer au cauchemar ou un délire psychédélique. Un univers qui n'est pas sans rappeler celui d'Underworld.
Ce qui est certain, c'est que nous embarquons pour un voyage mystique à la frontière du réel. A défaut de parole, la musique et les titres nous informent : impression de sorcellerie, rites indiens, lumière perçante, psyché, manque de sommeil, rêves étranges, sentiments amoureux... Et comme pour les compilations de Rough Trade (ndlr : Counter Culture), qui peut se comprendre comme « contre-culture » ou « culture de comptoir », ces « Counter Melodies », sont des mélodies aux accords inhabituels, voire peu académiques, ou des mélodies que vous racontent un voyageur mystérieux dans un pub reculé de la campagne britannique.
L'absence de véritables chansons rend l'album difficile d'accès, mais le voyage en vaut la peine, et la musique est assez directive pour vous emmener dans son trip, comme si elle recadrait vos divagations.