I Am Kloot

En une poignée d'albums - du premier, intitulé Natural History, paru en 2001, à I Am Kloot Play Moolah Rouge, sorti en 2008, en passant par l' éponyme I Am Kloot et Gods and Monsters – I Am Kloot s'est forgé une solide réputation dans l'indie-pop british.

Ce qui l'amène, presque dix ans après ses débuts, à publier cette double compilation qui contient une série de morceaux rares, b-sides et dix autres chansons inédites jamais sorties, soit une belle galette pour dresser un premier bilan de sa carrière. Pour les fans du trio mancunien, c'est l'occasion de se faire une joie de découvrir son arrière-cuisine et, pour les amateurs plus lointains du groupe, celle de mieux découvrir son univers bigarré empruntant autant à la pop qu'au folk ou au rock.
Le programme est dense sur cette compilation composée de 28 titres : en plus de quelques morceaux incontournables tels le single Titanic, on retrouve quelques titres déjà sortis sur les albums du trio, mais compilés, cette fois-ci, dans des formats différents : qu'il s'agisse de démos, d'enregistrements en public ou encore de remixes, chaque nouvelle version proposée ici donne aux morceaux une nouvelle manière d'aborder leur essence et leur composition et, au groupe, une nouvelle façon d'appréhender son univers et son travail d'arrangements.

Parmi les plus réjouissantes surprises, soulignons notamment le très bon remix synthétique et groovy fait par Tone Lone Swordsmen du bien connu Gods and Monsters, la version live et joliment électrique de Life In A Day ou encore la superbe demo de Ferris Wheels, qui, avec son piano et son chant réverbérés à souhait, s'avère peut-être encore plus belle que la version originale.
Tout n'est pas transcendant cependant - certaines versions studios sont même parfois préférables à celles cataloguées ici (notons la démo de Over My Shoulder ou « l'aternative version » de 86TV's, jolies mais pas scotchantes) - mais l'intérêt global de ce double album est de montrer que la musique de John Bramwell, Peter Jobson et Andy Hargreaves, les trois membres d' I Am Kloot, ouvre la porte à une pléiade d'émotions ; on le constate sur une brochette de titres rares ou/et inédits : sur Strange Little Girl, Stop Talking Photographs ou Big Tears par exemple, le groupe nous embarque dans des contrées dylaniennes ou proches de Tom McRae en quelques notes et accords de guitare acoustique seulement, tandis qu'ailleurs il dérive vers le rock de Black Rebel Motorcycle Club ou des Dandy Warhols (sur Monkeys) ou celui, plus classieux, des Last Shadow Puppets d'Alex Turner (sur This House is Haunted).

Ce qui, finalement, en dit long sur l'ouverture musicale d'I Am Kloot et sur sa capacité à façonner des chansons en toute liberté. Voilà qui vaut donc le coup de se pencher sur cet objet judicieusement intitulé B, comme pour dire Beau, Brillant, Bucolique, Balladeur, Bariolé. Ou juste BON.