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Gorillaz

Plastic Beach

Gorillaz - Plastic Beach
Chronique Album
Date de sortie : 08.03.2010
Label : EMI
4
Rédigé par Thibaud, le 8 mars 2010
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Ah ce Damon Albarn... Alors que l’ensemble des fans de Blur attendent avec impatience un nouvel album du groupe dont la sortie est plus qu’incertaine, le revoilà avec son projet à la fois apprécié et critiqué pour ses partis pris, Gorillaz.

A la réception de cet album, une question m'est venue à l'esprit, celle de la légitimité. Avec tout un public désirant ardemment une suite à Think Tank, et alors qu'un des projets de l'anglais tombe à l’eau musicalement parlant (l’opéra Monkey : Journey To The West), était-il réellement pertinent de redonner vie à Gorillaz, qui au fond ne semblait plus avoir de réels horizons à explorer, et qui avec Demon Days avait su toucher à la fois un public allant des connaisseurs d’Albarn jusqu'au grand public ? Dès lors, à l'écoute de ces seize titres, et tout en m'intéressant au background scénaristique allant de pair avec la musique, j’ai ainsi choisi de m’intéresser à la réelle nécessité de cet album, et bien entendu à sa qualité intrinsèque.

Plastic Beach raconte donc l’histoire de Murdoc, le célèbre bassiste démoniaque, lequel tente de réunir à nouveaux ses comparses et d’autres connaissances musicales (Bobby Womack, Snoop Dogg, ou De la Soul) pour un nouvel album, salutaire pour le compte en banque. Néanmoins, les choses s’avèrent compliquées, car Murdoc est pourchassé par des hommes véreux (d’où la chanson Stylo et son clip laissant carte blanche à Bruce Willis), et le groupe en lui-même est pour ainsi dire réduit à néant. Le plus intéressant avec Gorillaz, c’est que ce scénario, que l’on pourrait penser secondaire, constitue une ligne directrice pour la sonorité de l’album. Ainsi, le départ de Russel, batteur possédé, après qu’il soit complètement devenu fou, donne naissance à des titres où la batterie se veut beaucoup moins présente, mais où les boites à rythmes sont légions. La disparition de Noodle, la guitariste foldingue du Japon, laisse place à une sorte d’hommage de la part de Murdoc, metteur en scène et tyran implacable de cette Plastic Beach, avec dans l’ensemble une touche électronique initiée par le single D.A.R.E mais avec des sonorités beaucoup plus dures, plus âpres, et sur le fond plus émouvantes.

Mais qu'en est-il réellement de la qualité de ce disque ? Plastic Beach est fortement enthousiasmant, mais néanmoins, si ce n’est pas un reproche quasi vital, celui-ci n’est qu’un « bon album » de Gorillaz, et sans doute pas la révolution attendue. Au fond, Plastic Beach est parsemé de tubes, de singles potentiels qui vont ravir à nouveau les fans mais aussi un public beaucoup plus large : Superfast Jellyfish, sorte de publicité pirate douteuse, semble ainsi être prédestinée à être le single du printemps. Les featurings, encore plus nombreux que sur Demon Days, sont bien souvent pertinents, notamment sur le superbe duo taillé dans la simplicité avec Lou Reed (Some Kind Of Nature), ou encore Empire Ants, chanson bouleversante interprétée avec Little Dragon. Rares sont les déceptions sur ce point, si ce n’est Sweepstakes, ou la collaboration entre les deux ex-Clash Mick Jones et Paul Simonon, dont la présence sonore est écrasée par une production souvent massive et frustrante.

Comme mentionné précédemment, cet album se veut fortement ancré dans l’électro (notamment avec Glitter Freeze, piste instrumentale de haute-volée, qui fait office d’interlude puissant et imposant), on retrouve moult sonorités plus diverses : hip hop, soul, et même musiques traditionnelles pour la très intéressante contribution de l’Orchestre National du Liban.
Mais pour les fans de Damon Albarn, et notamment du premier Gorillaz sur lequel le chanteur dans la peau de 2D prenait la tête du groupe dans la quasi-totalité de l’album, ici celui-ci est plus en retrait encore que sur Demon Days, sa voix étant passée sous de multiples effets rendant ses prestations parfois presque irréelles et synthétiques. A l'exception de quelques titres, tel On Melancholy Hill, tendre balade au son imparable, les interventions d’Albarn sont reléguées au second plan, comme si l’entreprise Gorillaz n’était plus qu’un conglomérat d’artistes plus ou moins divers, autour d’un univers animé où le chaos règne.

Et d’en revenir dès lors à cette fameuse légitimité. Si sur le plan musical cette nouvelle production est une formidable réussite, mais qui s’accompagne parfois de quelques faiblesses, sur le plan de l’intérêt, et du réel apport que cet album amène au groupe et au public, Plastic Beach n’est fondamentalement pas une révolution. Dans la droite lignée de Demon Days pour ses featurings nombreux et insolites, et retrouvant à sa manière une force perdue depuis le premier album, ce nouvel opus n’en reste pas moins une très bonne suite, mais où l’on n’assiste malheureusement pas à un dépassement de soi, à une réelle innovation. Plastic Beach s’avère être un formidable lieu de vacances destiné à conquérir les publics de par son éclectisme et ce son résolument estival.

Moins original et marquant que les deux premiers efforts studio de la formation, Plastic Beach n’est pas la révolution attendue de la part de Gorillaz : un album à ne pas rater, mais que l'on aurait aimé plus inventif.
tracklisting
    1. Orchestral Intro
  • 2. Welcome To The World Of The Plastic Beach
  • 3. White Flag
  • 4. Rhinestone Eyes
  • 5. Stylo
  • 6. Superfast Jellyfish
  • 7. Empire Ants
  • 8. Glitter Freeze
  • 9. Some Kind Of Nature
  • 10. On Melancholy Hill
  • 11. Broken
  • 12. Sweepstakes
  • 13. Plastic Beach
  • 14. To Binge
  • 15. Cloud Of Unknowing
  • 16. Pirate Jet
titres conseillés
    White Flag, Superfast Jellyfish, Empire Ants, Some Kind Of Nature
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