Errors

Il faut sans doute être un peu cinglé ou geek sur les bords pour écouter le second album de math rock instrumental d'un groupe dont la pochette fait apparaître des coqs répétés plusieurs dizaines de fois. Mais ne boudons pas notre plaisir, d'autant que le dernier clip de Foals laisse entrevoir un futur peu mathématique pour le leader du genre au Royaume-Uni. Avec Come Down With Me, Errors s'en sortent avec brio, allant bien plus loin qu'une rythmique martiale synchronisée aux instruments, et flirtent gentiment avec l'electronica et le prog-rock pas toujours assumé.

Si, jusque là, ce groupe avait retenu notre attention sans vraiment réussir à convaincre, il tient sans doute enfin une excellente carte de visite et par la même occasion un bon ticket pour les tournées internationales. Car, malgré son apparente complexité et inaccessibilité (du rock instrumental, rendez-vous compte...), cet album est rempli de morceaux accrocheurs et surtout de mélodies bénies. Entre A Rumour In Africa, le génial Supertribe ou Germany, Errors ont leur quota de tubes sous la main. Bien sûr, mieux vaut ne pas être allergique aux sons typés Moog, qui reste sans doute le meilleur synthétiser jamais créé pour faire des lignes de basses rondes, charnues et enivrantes, ni aux pérégrinations progressives, dans la limite du raisonnable bien heureusement.
En effet, nous retrouvons ici parfois beaucoup cette musique mélodieusement démonstrative et polyrythmique, mais, heureusement, celle-ci puise plus du côté de chez Goblin dans sa théâtralité, son expressionnisme et sa gestion d'une certaine tension, ou des bidouilles électroniques des artistes du label Border Community que dans les immondes délires rococo que certains groupes du genre nous ont servis dans les années 70, notamment certains parmi les pires du genre, Yes ou Genesis...

Come Down With Me est certainement un disque exigent mais il mérite par la même occasion d'être creusé. On y pénètre doucement, se laissant emporter peu à peu par ses vagues de claviers analogiques qui risquent d'exposer notre air cortical motrice à des mouvements incontrôlés, gigotant et convulsant comme touché par un afflux imprévu de dopamine.