Kate Nash

Après le succès de Made of Bricks, Kate Nash revient avec un deuxième album, My Best Friend Is You sur lequel la chanteuse a décidé d’évoluer, de se lancer dans une veine plus rock. Malheureusement, le résultat n’est pas toujours au rendez-vous.

Sur certaines chansons, l’effet est assez surprenant pour convaincre. Le single I Just Love You More, par exemple, démarre sur fond de guitares saturées. Le son est très rock, presque heavy par moments, la voix est sensuelle et charmeuse. On ne s’attendrait vraiment pas à une chanson de Kate Nash. Si son but était d’élargir son public et de ne pas se laisser enfermer dans un style, c’est réussi. On peut donc féliciter la compositrice pour ses prises de risques. Mansion Song est l’OVNI de l’album. Une sorte de poème psalmodié crescendo par une Kate Nash qui a bien du mal à enfermer sa colère. Les paroles sont drôles, si on aime le second degré, Kate Nash crache littéralement sa haine contre les groupies. Parfait pour se défouler.
Mais tout l’album n’est pas qu’expérimentations. Kate Nash n’a pas abandonné ses marques de fabrique : ses paroles crues et insultantes et son incomparable accent cockney. Dans un registre plus habituel, I've Got A Secret est plutôt réussi grâce à ses variations dans le rythme, et le mélange des guitares électriques et des handclaps, mais la chanson est beaucoup trop répétitive. Kiss That Grrrl quant à elle est extrêmement entraînante, avec une batterie très présente et un début presque rock. Kate Nash convainc aussi sur une chanson acoustique comme You Were So Far Away, à la CocoRosie.

On peine cependant à trouver une once d’originalité sur I Hate Seagulls, au rythme de guitare vu et revu et aux paroles on ne peut plus prévisibles, quand on connaît un peu le ton grinçant de Kate Nash. Heureusement, les paroles se font finalement plus tendres et Kate Nash renonce à nous faire la liste de tout ce qu’elle déteste, pour entamer au contraire la liste de ce qu’elle aime, au risque en fait de tomber dans la mièvrerie et le sentimentalisme. L’album est ainsi très inégal. Prenez Take Me To A Higher Plane. Au début, avec sa voix de minette et sa mélodie peu originale, on croirait entendre une chanson d’Hillary Duff. Mais la pop laisse ensuite place à une ambiance plus intime, à un chant beaucoup plus naturel, simplement accompagné en arrière-plan par un riff de guitare extrêmement simple.
L’album est aussi un peu trop fouillis. Les morceaux rock, les morceaux pop, les chansons acoustiques et les bizarreries comme Mansion Song se mélangent sans aucune cohérence. De plus, à côté de titres qui valent vraiment le coup, on trouve tout un tas de petits morceaux dont on se serait franchement privés. Ne vous arrêtez surtout pas à la première chanson, Paris, beaucoup trop sautillante. Avec Pickpocket, Kate Nash retourne à une musique centrée sur le piano. Malheureusement, le morceau n’est pas inoubliable, il fonctionne à peu près grâce à ses nombreuses ruptures de rythme mais paraît un peu trop simple. Le single Do-Wah-Doo non plus ne rend pas vraiment justice à l’album. Rien de nouveau sous le soleil dans ce morceau. Et surtout, à consommer avec modération.

Finalement, ce deuxième opus de Kate Nash ne manquait pas de potentiel mais s’avère plutôt décevant, en comparaison avec le premier. L’album manque cruellement d’homogénéité et souffre de quelques chansons un peu bancales. Cependant, on accordera au moins à la chanteuse le mérite d’avoir pris des risques et cherché à faire évoluer sa musique. Elle cherche encore sa voie, mais, quand elle l’aura trouvée, cela pourrait devenir intéressant.