Simian Mobile Disco

Virage à 90° pour les Simian Mobile Disco : un peu plus d’un an après le décevant Temporary Pleasure, lequel jouait la carte du featuring jusqu’à l’écœurement, Ford et Shaw reviennent asticoter nos tympans avec un album tout aussi électronique, mais beaucoup moins pop (comprenez mélodique et accessible) que son prédécesseur. Au diable les fioritures et autres castings de luxe, les deux DJs laissent désormais libre cours à leurs influences techno et nous servent le disque fantasmé par tout clubber sous LSD qui se respecte. Pas sûr qu’en pleine possession de ses moyens, l’auditeur lambda apprécie autant.

Car Delicacies souffre finalement du principal défaut de sa qualité : si on l’imagine aisément faire des heureux et des ravages au hasard d’une piste de danse, ou d’un des nombreux concerts donnés par le duo anglais, cet album long d’une bonne heure se révèle autrement plus irritant dans le cadre d’une écoute classique. Rébarbatives autant qu’étirées (Skin Cracker, le titre le plus court de l’album dure quand même sept minutes), les nouvelles compositions proposées par Simian Mobile Disco peinent en effet à convaincre, à l’image d’un Hákarl aussi nocif pour les crânes qu’usant pour les nerfs.
En vérité, et s’il n’était pas une franche réussite pour autant, le dernier Chemical Brothers était quand même bien plus ouvert, dansant, et au final jouissif en tant que tel que ne l’est aujourd’hui Delicacies. Certains s’insurgeront devant la comparaison, mais le fait est que dans un cas le plaisir d’écoute est bien présent, mais pas dans l’autre. Oscillant entre techno, house et électro minimale, certains titres présentent cependant des qualités indéniables, même pour le novice qu’au fond, nous sommes tous un peu. En ce sens, on citera le très juste équilibrage basse/synthétiseur sur Sweetbread, et les sonorités toutes hypnotiques de l’introductif et nerveux Aspic.

Au final, Delicacies s’apparente autant à une private joke à destination des seuls amateurs du genre qu’à une réelle déception de la part d’un groupe qui, sans faire plus d’étincelles qu’auparavant, voit en plus son capital sympathie être mis à mal. Un journaliste disait à la fin d’une de ses chroniques que le Simian « pop » était maintenant bien loin. Pas sur que l’on ait totalement gagné au change.