The Coral

En cette fin de décennie, on avait presque oublié que The Coral, groupe fer de lance de la scène liverpudlienne des noughties, existait toujours. Après la sortie de leur cinquième album Roots And Echoes en 2007 et le best of Singles Collection en 2008, il semblait presque évident que le groupe avait décidé de rendre les armes. C'était pourtant mal connaître le quintet qui avait publié en janvier son sixième album Butterfly House, lequel, bien que sympathique à l'écoute, avait ravi avant tout les fans de longue date. Moins d'un an après sa sortie, le groupe en sort une version acoustique et épurée.

Rien de bien nouveau donc sur les rives de la Mersey. Si la version électrique était déjà bien ancrée dans une inspiration sixties, la version acoustique prouve que Butterfly House est avant tout un album charmant de désuétude, une vraie fenêtre sur les années soixante et quatre-vingt dix. De façon surprenante, dans cette version dénudée, les treize titres rappellent imparablement le Homegrown de Dodgy, sorti en 1995. De More Than A Lover à 1000 Years, la voix de James Skelly semble faire écho à celle de Nigel Clark. Côté 90s encore, les accords de She's Coming Around sont ceux du bon vieux radio hit 74-75 et la mélodie, le Gin And Tonic Sky de Mundy. Pourtant, le groupe ne boude pas ses influences folk et psyché, et avec Two Faces et ses harmonies vocales lorgne du côté des Byrds, alors que Green Is The Colour regarde lui vers le Fairport Convention, d'autant plus que l'acoustique met la lumière sur les voix.

Pourtant, plus que toutes ces ressemblances frappantes, c'est peut être une certaine lassitude et le manque de titres majeurs, de rythme, d'impulsion que Butterfly House semble dégager. Toutes les chansons semblent n'en faire qu'une tant The Coral donne l'impression d'avoir reproduit à l'infini les mêmes rythmes de guitare folk et les mêmes accords. De Walking In Winter à Sandhills en passant par Falling Around et Conay Island, le groupe semble se contenter de flotter dans une torpeur voulue, torpeur créée par l'acoustique.

Plaisante mais sans envergure, cette nouvelle mouture de Butterfly House se contente d'être la vitrine élégante mais un peu démodée d'un groupe qui ne cherche plus qu'à garder et bichonner ses fans.