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Mogwai

Hardcore Will Never Die, But You Will

Mogwai - Hardcore Will Never Die, But You Will
Chronique Album
Date de sortie : 14.02.2011
Label : Rock Action/PIAS France
4
Rédigé par Maxime Delcourt, le 31 janvier 2011
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A base d’emphase et d’amphétes, difficile de se retrouver dans le mic-mac instrumental qu’offrent Mogwai sur Hardcore Will Never Die, But You Will. Tentative de décryptage.

Aux grands albums, les grandes formules, Hardcore Will Never Die, But You Will joue, d’une puissance décuplée, avec les limites sans jamais donner l’impression de vouloir les briser. A contrario Mogwai ajoute des lignes à la carte territoriale en y dessinant un espace à la fois riche et complexe dont les multiples portes d’entrées révèlent tantôt la nervosité tantôt l’isolement des paysages urbains.
Fini l’esprit festif de Noël, les excès d’une masse joliment débectée par les décorations. L’heure est à la réalité. Et elle est plutôt sombre. En guise de préambule l’incandescent White Noise démontre que, dans un désordre à la fois social et sonore, il peut aussi se trouver un lieu d’où la pureté exhale. Stupéfiante mise en abime d’un album que Mogwai n’arpente pour l’instant qu’à la marge.

Force est de constater que l’ouverture est d’une pureté extrême. Vierge comme si on avait tout à en découvrir. On y sent un groupe mis à nu qui se moque bien de savoir s’il pourra affronter la déflagration des paysages. Il y fonce totalement nu, totalement dans l’inconnu comme s’il s’était découvert une affinité éclectique avec le meilleur de l’expérimental et d’ailleurs. Comme s’il pouvait toujours être autre part. Il faut dire que Mogwai est habitué à travailler le son de manière obsessionnelle. Pointilleux et biscornu, c’est une certitutde. Rock possédé, atmosphère brumeuse matinée de sauvagerie et de virtuosité, là encore, aucun doute.
Ici pas de paroles inutiles, pas de refuge possible pour éviter ce son lourd. On y entend le silence d’une ville, puis très vite son vacarme ronflant. Des bruits chaotiques, habités, peut-être même en larmes, à l’image des guitares étranglées qui rampent sous les rues. Ainsi peut-on voir que derrière le mur du son se cache des chansons à la beauté glacée et d’une rare intelligence. Plutôt douloureuses mais davantage magnifiques.

De cette orgie de guitares, Mogwai en évite tous les pièges et balaye les émotions comme le vent balaye les feuilles printanières, à l’infini. La suite des plages fait donc partie de ces morceaux que l’on ne sait pas trop par quel bout prendre. Il y a l’étouffant et pourtant si évasif Rano Pano, où une tension palpable est saupoudrée de convulsions névrotiques et de larsens. Il y a aussi l’énigmatique et glaçant Death Rays sur lequel le groupe semble sortir de sa prudence pour scander sa déraison. Et bien sur, il y a le calme, le solitaire et le rêveur Letters To The Metro, qui en profite pour nous voler, quand même, une larme ou deux au passage.
S’il émane de ce morceau une certaine beauté, ce n’est que pour mieux nous replonger dans une fougue dévastatrice en donnant naissance à des images envoutantes et poétiques. On comprend alors que, sur ce dernier Mogwai, on n’est pas là pour rire. Mais, au contraire, pour voir le monde tel qu’il est : excentrique et tragique, rêveur et volatile, un monde tout en (a)pesanteur.
A défaut d’inciter l’auditeur à dialoguer avec le bas-ventre et l’euphorie, Mogwai fait sa fête au post-rock en assemblant sa poésie ténébreuse de pleins de petites attentions. N’hésitant pas à mettre les doigts dans la prise pour électrifier son paysage sonore avec le bruyant San Pedro, les écossais retranscrivent à merveille leur univers. Un monde nourri par un environnement obscur et industriel où l’on y plonge corps et âme.

A lui seul, Hardcore Will Never Die, But You Will fait de 2011 un (très) bon millésime.
tracklisting
    1. White Noise
  • 2. Mexican Grand Prix
  • 3. Rano Pano
  • 4. Death Rays
  • 5. San Pedro
  • 6. Letters To The Metro
  • 7. George Square Thatcher Death Party
  • 8. How To Be A Werewolf
  • 9. Too Raging To Cheers
  • 10. You're Lionel Richie
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    Death Rays - Letters To The Metro - San Pedro - You're Lionel Richie
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