Miles Kane

S'il ne fallait employer qu'un adjectif pour définir le premier effort solo de Miles Kane, ce serait bien classe. En effet, l'ancien leader des Rascals et co-fondateur des Last Shadow Puppets entretient tout en finesse une fibre rock nonchalante et perfectionniste, prenant sur les douze titres de Colour Of The Trap le flambeau passé depuis cinq décennies des Who à Oasis.

Rares sont ceux pouvant se targuer d'avoir acquis en moins de six mois un capital de sympathie médiatique et un engouement populaire, côté anglais comme continental. Avec trois singles à son actif, une tournée outre-Manche, la première partie de Beady Eye et quelques dates promotionnelles hors du Royaume-Uni, le Liverpudlien affiche une assurance Gallagherienne et une élégance toute Dutronc-nesque.
Du haut de ces vingt-cinq ans et de son expérience musicale non négligeable, Miles Kane démontre avec brio qu'un album peut ne tourner qu'autour de trois éléments prépondérants : un bon rythme, une mélodie incisive et un rappel non voilé aux racines rock sixties. Additionné à un physique, somme toute, avantageux et un look mod étudié, cela transforme le gamin de la Mersey en légataire universel d'un britrock rétro mais pas nostalgique.

Colour Of The Trap alterne donc velléités garage sur Inhaler et Come Closer - premiers singles de l'album qui avaient dès novembre posé les jalons de ce que serait l'album - ambiance pop avec Rearrange et swinging sixties sur Quicksand ou encore ballades classieuses avec Colour Of The Trap et My Fantasy, sur laquelle Noel Gallagher fait une apparition pour les chœurs. Hommage vocal à Marc Bolan, ce dernier titre sera probablement le Life's A Gas de Miles Kane.
On retrouve aussi tout ce qui a fait l'intérêt des Last Shadow Puppets, Kingcrawler représentant le mieux cette ambiance western post-moderne. Finalement, seul Happenstance, duo avec Clémence Poésy, s'avère décevant, l'actrice française n'ayant ni l'aura sexuelle et internationale de Bardot, ni la voix de Nancy Sinatra, ni la dimension iconique de Birkin.

Visage d'une Angleterre qui a fait des années soixante son moment de grâce, Miles Kane affiche avec Colour Of The Trap son amour des titres mélodiques efficaces, titres qui prennent leur plein potentiel sur scène. Dernier des Mohicans, petit génie rock ou nouveau modfather, le liverpudlien se fiche des dénominations et offre à qui le veut l'un des meilleurs albums de 2011.