Chronique Album
Date de sortie : 21.12.2010
Label : Tape Modern/PIAS France
Rédigé par
Olivier Kalousdian, le 21 mai 2011
Devinette : quel groupe affichant bientôt 35 ans au compteur et totalisant plus de 80 millions d’albums vendus dans le monde fut honorablement appelé les « Fabulous Five » ? Un indice ; Ils sont à l’origine de la déferlante des vagues peroxydées sur le dessus du crâne.Oui, il s’agit bien des champions toutes catégories du clip avant-gardiste des mid eighties (The Reflex, Wild Boys...) avec nuques longues, gants mitaines et premiers (faux) effets 3 D. J’ai nommé, Duran Duran !
Si certaines « légendes » du rock des décennies passées ont choisi de se renouveler et de suivre, peu ou prou, les styles et les sons de leur époque, d’autres ont malheureusement fait le choix de poursuivre leur route dans la même guimbarde, sans pot catalytique ni même vitres électriques en option. Or, seuls les plus grands peuvent ressasser le même couplet et les mêmes riffs sans (presque) jamais lasser et ce, malgré un age très avancé. N’est pas The Rolling Stone ou U2 qui veut.
Abonnés aux comebacks des groupes eighties après celui de The Human League, groupe synth-pop légendaire s’il en est mais n’ayant récemment pas su ou pu enregistrer mieux qu’un piètre album d’électro cheap, nous voilà impatients d’écouter ce que Simon Le Bon, Nick Rhodes et les deux Taylor nous ont mijoté, trente ans après…
Cet disque, intitulé All You Need Is Now et dont le titre éponyme invite Ana Matronic des Scissor Sisters, est le treizième album studio du groupe de pop Anglais. Renouant avec les ingrédients qui ont fait le succès du Duran Duran, l’album repose, comme à la belle époque, sur les sonorités typiques des claviers de Nick Rhodes et la voix emblématique appuyée par un écho toujours méchamment poussé de Simon Le Bon. Mark Ronson, jeunot dans les années 80, est le producteur de cet énième retour, après avoir invité le groupe sur un des bons titres de son excellent dernier album, Record Collection.
Leave A Light On sonne ainsi étrangement proche du Save A Prayer de 1982 avec ses nappes de douces mélodies électroniques qui ne seront pas sans flatter les plus quadragénaires d’entre nous et s’impose comme l’un des titres les plus agréables à écouter. A coté de cela ? Rien de bien nouveau chez les papys peroxydés. Bien sûr, Duran Duran n’a jamais été loin dans le rock rageur ou revendicateur, préférant, tantôt l’expérimentation réussie de sonorités alors nouvelles, tantôt la mélodie qui tue - démontrant par là même que Robbie Williams et ses envolées lyriques n’ont rien inventé – mais, et alors que la presse outre-Manche a plutôt bien accueilli ce disque, il faut reconnaître que All You Need Is Love n’est toujours pas à la hauteur de l’énergie pop que proposait Duran Duran à l’époque où Etienne Daho faisait ses premiers pas de danse...
Quelques arrangements, judicieusement travaillés par le talent de Mark Ronson (et justement bien trop identifiables pour qui apprécie sa musique) sur des titres comme Being Followed ou A Diamond In The Mind tirent quelques marrons du feu mais, pour le reste, on est en droit de se demander s'il était bien raisonnable et nécessaire de composer un album poussif quand on est et restera l'un des groupes les plus populaires et rentables de la fin des années 80 ?
A l’heure où James Murphy a su tirer, en pleine gloire, la révérence de son désormais mythique LCD Soundsystem après dix ans de bons et loyaux services, on aurait souhaité que Simon et son équipe s’en tiennent à des collaborations (souvent agréables) pour des artistes plus inspirés et restent dans nos mémoires comme des précurseurs et des bêtes de scène capables de rassembler des dizaines de milliers de fans dans des stades.