Monarchy

Dire qu’on n’en pouvait plus d’attendre Around The Sun serait passablement hypocrite, tant il nous semblait connaître l’objet depuis longtemps déjà. Il faut dire qu’entre le nombre confondant de titres dévoilés par Monarchy depuis 2009, et l’apparition, en tout début d’année, d’une première version jamais commercialisée, l’album s’avère plus avare en cachoteries que le duo qui en est l’auteur. En réalité, la sortie d’Around The Sun a surtout ceci d’intéressant qu’elle met un point d’orgue, non sans provoquer chez nous un râle de soulagement, à un feuilleton interminable, fait de sorties repoussées et d’artistes remerciés par leur maison de disques (Mercury ayant récemment décidé, sans que l’on ne sache véritablement pourquoi, de se séparer de Râ et Andrew).

Au bout du bout, et quelles que soient les tribulations qu’aient connues nos deux acolytes, leur album laisse en bouche un goût incroyablement amer. Car loin de l’odyssée galactique que nous promettait l’étincelant The Phoenix Alive, Around The Sun ne semble pas avoir beaucoup d’autres prétentions que celle de faire danser les amateurs de Kylie Minogue, à coups de salves électro-dance 80’s bien grasses (synthétiseur à gogo, donc).
Pour être honnête, et même si cela ne saurait suffire à convaincre les hermétiques au genre, il faut bien avouer que les Monarchy savent y faire, et que leur sens de la mélodie est tout sauf une vue de l’esprit. Seulement, entre le fort intérêt qu’éprouve le duo pour ce qui touche, de près comme de loin, à l’espace, et cette histoire de concert donné à Cap Canaveral, on aurait aimé qu’Around The Sun nous évoque un peu plus l’étendue sombre et silencieuse qui s’étend au dessus de nos têtes ; que comme elle, il nous donne matière à rêver, qu’il nous fascine, qu’il nous émeuve, qu’il nous plonge dans ce spleen puissant qui semble réservé aux seuls porteurs d'un scaphandre spatial (au passage, le joli Travelling By Ambulance ne démérite pas). En d’autres termes, qu’il soit autre chose qu’une simple boîte à rythmes, aussi sympathiques ces rythmes soient-ils par moments.

Passée la douloureuse épreuve du deuil, on oublie ce qui aurait pu être pour mieux considérer les choses telles qu’elles le sont vraiment. On le disait déjà, Around The Sun sait se montrer jouissif, tout parsemé qu’il est de petits plaisirs auditifs ; alors, certes, ces derniers sont honteusement calibrés, en plus d'être parfaitement coupables (en attestent, pour l’exemple, Love Get Out Of My Way, et ses effets pop-corn kitsch, ou le technoïde à outrance I Won’t Let Go), mais cela ne devrait pas empêcher Monarchy de gagner les faveurs de quelques playlists qui, en France comme ailleurs, égayent les soirées copieusement arrosées. Tout juste faudra t-il faire l'impasse sur les véritables fautes de goût de l'album, l’irritant Call en tête de gondole.

Loin d'être mémorable, Around The Sun n'en est pas pour autant à jeter : si certains n'hésiteront pas à clamer haut et fort qu'ils parcourent l'album avec délectation, ils seront également plus nombreux qu'on ne le pense à s'écouter quelques titres à l'occasion. In fine, la seule vraie question est de savoir si succès véritable il y aura pour Monarchy, et quel sera l'impact de leur récent et long chemin de croix.