Chronique Album
Date de sortie : 18.07.2011
Label : Split Records
Rédigé par
Amandine, le 23 août 2011
Le one-man band The Voluntary Butler Scheme revient avec un second album : The Grandad Galaxy .
Le projet mené de front depuis 2008 par Rob Jones, petit gars d'à peine vingt-six ans né dans un trou perdu près de Birmingham, nous mène aujourd'hui à un deuxième album plutôt fourni. Un titre évocateur, The Grandad Galaxy, et surtout une pochette qui à elle seule résume la volonté du jeune Anglais : un moustachu en costume de tweed, l'air dubitatif, attend à côté de son barbecue. Derrière lui, un paysage quasi lunaire et un ciel étoilé. Aujourd'hui, Mr Jones a décidé de repousser ses limites et d'élargir ses horizons.
On avait déjà aperçu avec son premier LP, At Breakfast, Dinner, Tea, que The Voluntary Butler Scheme avait un goût prononcé pour la pop des 60s mais aussi la soul façon Motown. Il s'avère qu'il aime aussi les mouvances actuelles, comme le prouve son nouveau disque dont on avait déjà pu entendre quelques pistes sur un EP à l'automne dernier.
Rob Jones nous fait ici voyager à travers les décennies et on comprend alors à quel point notre homme est avide de sons et d'ambiances différentes : que ce soit la pop 60s (dont on retrouve des traces certaines sur Shake Me By The Shoulders ou Phosphor Burn-Up) ou l'electronica (DOPI), il se goinfre de musique et compte bien s'en servir pour alimenter son propre travail.
De ce fait, The Grandad Galaxy met du temps à se poser et à montrer la direction qu'il souhaite prendre. On passe rapidement d'un univers à un autre, sans toujours jouir de transitions cohérentes et l'effet est parfois déroutant. On retrouve néanmoins ce qui nous avait séduit précédemment, à savoir une propension aux mélodies pop infaillibles et catchy. Il n'en reste que ces dernières sont cachées sous un tas de samples qui nous mènent presque à l'indigestion tant Jones en use et en abuse. Commencer l'album avec la petite ritournelle lo-fi confectionnée avec les vieux jouets du grenier, façon CocoRosie des débuts (Hiring A Car) est agréable, même si cela manque un peu de chaleur et sonne parfois trop synthétique. Lorsque ces titres se heurtent à des instrumentations plus traditionnelles, c'est là que le bât blesse.
The Grandad Galaxy finit par devenir un mash-up de tellement de choses qu'il en perd sa cohérence. Rob cache presque systématiquement sa voix derrière un vocoder et crée ainsi une distance avec les instrumentations. Sur certains titres, il ne se passe pas grand chose (Manuals) et on attend que notre oreille soit attirée par une mélodie un tant soit peu originale. Parfois, on se demande la nécessité d'un titre tel que Satisfactory Substitute, ses rythmiques hip-hop et ses scratchs.
Cependant, n'en concluons pas que cet album est un échec, ce serait bien trop réducteur ; il cache quelques perles qui procurent un plaisir presque honteux ; comme To The Height Of A Frisbee, subtilement agrémenté de quelques cuivres discrets ou Astro, titre scintillant où la harpe valse avec les chœurs naïfs façon Beach Boys.
Ce nouvel opus de The Voluntary Butler Scheme mérite plusieurs écoutes pour en appréhender l'essence. A force de vouloir trop en faire, Rob Jones en oublierait presque à quel point il est doué pour créer une chanson pop, une mélodie catchy et ce doux équilibre entre légèreté et profondeur. S'il semble pouvoir endosser le rôle si délicat de successeur d'un Ray Davies, il nous laisse tout de même ici un peu sur notre réserve. Peut-être eut-il été plus judicieux de découper The Grandad Galaxy autrement ou de recentrer le projet, car même s'il ne démérite pas dans l'exercice du sample et de l'électro, les digressions sont telles que l'on perd le fil et reste avec ce goût amer dans la bouche à la fin de l'écoute. En se recentrant un peu plus, Rob Jones nous a prouvé qu'il savait faire des miracles dans la simplicité... Attendons la suite.