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S.C.U.M

Paris, Club Silencio - 20 septembre 2011

Live-report par Sandra Stefanini

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C'est une plongée en territoire Lynchien qui nous attend ce soir. En effet, S.C.U.M fait partie des premiers groupes à se produire à l'énigmatique Club Silencio, alias le club de David Lynch à Paris.

Une petite façade noire près du Social Club, pas d'enseigne, juste un videur de taille impressionnante derrière un cordon. Une fois à l'intérieur de la très sélecte antre, il n'y a rien à part un escalier noir qui descend à six mètres sous terre. En bas, tout est lumières tamisées, dorures et miroirs. Une épaisse moquette sous les pieds et une musique douce qui nous enveloppe.
On avance donc dans ce cocon Art Déco, ce petit dédale de caves dorées. L'atmosphère hautement improbable du lieu est renforcée par la découverte de la scène. Dans une salle en léger contrebas aux murs recouverts de miroirs dorés, une scène dans le plus pur esprit années 50s. Des images de Blue Velvet, Twin Peaks et bien sûr Mulholland Drive viennent immédiatement à l'esprit, et la bande son qui sort des hauts-parleurs n'y est pas étrangère. Mélange de jazz, de country, la voix de Lou Reed de temps à autres, tout cela parcouru de sons inquiétants, c'est ainsi que l'on attend l'arrivée de S.C.U.M.

Il est 22h45 lorsque soudain le rideau s'ouvre. Précédés de leur réputation de « rockers prétentieux », les londoniens démarrent immédiatement leur set. Thomas Cohen, drapé dans une sorte de toge orangée, impose d'emblée sa voix à la Faris Badwan sur le mur du son envoyé par la basse et les synthés. L'attitude du chanteur est plus mesurée que lors de précédents concerts, mais la sympathie n'est décidément toujours pas au rendez-vous, tant lui et ses acolytes ne se départissent jamais de leur air blasé et froid. Le public, peu nombreux mais intéressé, ne s'y trompe d'ailleurs pas, rendant au groupe la monnaie de sa pièce, à savoir un accueil poli mais réservé à leurs morceaux.
Lumières rouges et stroboscopes pour l'ambiance, léger écho sur la voix, basse omniprésente et entêtante, on se se dit que le style dégagé par le groupe colle bien au lieu. Puis la guitare nous sort de nos pensées. Elle apparaît par intermittence comme pour déchirer certains morceaux et tenter de s'imposer.
Le quintette a beau ne se réclamer d'aucune influence, on pense à un Joy Division psychédélique, on pense aussi à The Horrors, et pas seulement à cause de la voix. Et si c'était ça le problème de S.C.U.M ? Reproduire des influences inavouées. Le groupe est incontestablement très efficace sur scène, loin du brouhaha de leurs premières prestations. Leur son est clair et recherché, et on ne peut qu'être admiratif de la dextérité de Huw Webb à la basse qui mène imperceptiblement la danse et qui est définitivement le fil conducteur du concert. Malheureusement, il semble qu'engoncés dans leur froideur, les londoniens y perdent en charisme et personnalité. C'est bien regrettable aux vues de leurs possibilités musicales.

S.C.U.M est cependant un groupe en constante évolution et progression qu'il conviendra de suivre, tant il semble évident que leurs prestations futures nous réserveront de bonnes surprises.