Hard-Fi

Ô joie, Hard-Fi est de retour ! Tel est l'engouement initialement provoqué par ce groupe qui a cultivé l'art de se faire désirer depuis le temps. Souvenez-vous, en 2005, une formation inconnue au bataillon débarquait de son Middlesex natal pour marquer les esprits, en décrochant une des précieuses et rares places de révélation de l'année dans nos classements britanniques de coeur. Stars Of CCTV, sa couverture jaune et noire pop-art emblématique, ses tubes à la pelle, est encore considéré pour beaucoup comme le premier album marquant dont de nombreux groupes peuvent toujours rêver en vain. Il y avait l'indémodable Cash Machine, l'entraînant Hard To Beat, l'excité Gotta Reason, ou encore le fédérateur Feltham Is Singing Out. Bref, grande réussite où chacune des onze pistes de ce diamant sonore a marqué nos esprits.

Puis, deux ans plus tard, est arrivé le tant redouté second effort studio, Once Upon A Time In the West. Redouté oui, redoutable non. En effet, les mots se faisaient en un premier temps plus rares, en un deuxième plus lourds, pour décrire difficilement cet objet qui ne marqua guère les esprits, malgré en son sein un excellent Suburban Knights, on le rappelle single introductif galopant musicalement à fière allure. Ce qui jeta un froid dans la foule d'adeptes de la première heure dont on faisait fièrement partie. Une écoute, deux écoutes, dix écoutes et s'en était déjà vite fini pour nous de la pochette orange au graphisme résolument décalé, avec déjà en tête l'envie de voir le groupe tourner la page via un troisième album qui serait, on en était sûr, d'un côté un retour à l'inspiration et de l'autre un réveil vers l'excellence pop rock de leurs débuts.

Quatre ans plus tard, voilà que sort Killer Sounds. Nous sommes bien tristement obligés de déchanter. Vraie claque, dans le sens négatif du terme, ce dernier effort nous ferait presque regretter de n'avoir pas su apprécier Hard-Fi, à l'époque où ils faisaient encore de la musique, à leur juste valeur. Aux oubliettes les pépites pop aux accents rock incisifs qu'on aimait tant, place maintenant à un grand n'importe quoi. Sorte de pot-pourri nauséabond, le coupable mélange les styles jusqu'à l'indigestion. Un peu de dance avec Love Song, un peu de musique orientale avec Feels Good, de l'électro en veux-tu, de la house en voilà, le grand écart artistique fait grincer nos oreilles et dresser nos cheveux sur la tête. Seule consolation finale, lorsque les onze morceaux s'arrêtent enfin de tourner sur notre platine à bout de souffle.
Ainsi, que de tristesse, Hard-Fi continuent leur longue chute artistique vers des abysses musicales insoupçonnées. Car voulant jouer la carte grand public en offrant un album disparate et ringard, la bande de Staines distance inexorablement les puristes de la première heure et par conséquent ne récolte qu'un pouce baissé de notre part.
Point positif, touchant le fond, les quatre anglais auront toujours l'occasion de rebondir, on l'espère, avec un quatrième opus qui marquera le retour de cette formation fraîche et conquérante qui, on peut l'espérer, nous prouvera une fois pour toutes que les Stars Of CCTV n'étaient pas que de simples étoiles filantes.