Hard-Fi

De Hard-Fi, le mélomane français moyen se souviendra essentiellement d'un premier album, Stars Of CCTV, sorti en 2005, sur lequel s'enchaînaient des titres au son typiquement british, un mélange de ska rock hérité des Clash et de pop rock bien fichue intégrant des éléments discrètement électro, illustrés par deux singles lumineux Cash Machine et Hard To Beat. Vendu à plus d'un million deux cents mille exemplaires de par le monde, cet album fit la renommée du quatuor, leur permettant d'être nommés aux British Music Awards et Mercury Prize en 2006, et d'obtenir un disque platine dans leur pays. Joli palmarès auquel on peut ajouter le record du nombres de soirées sold out (cinq) à la Brixton Academy de Londres.

Qui dit Best of, dit discographie bien remplie penserez-vous ? Deux autres LPs, Once Upon A Time In The West (2007) et Killer Sounds (2011) complètent le tableau de cette carrière somme toute assez courte. Courtisée par Atlantic Records en 2005, quelques mois après que Hard-Fi ait sorti un EP au succès immédiat, la bande du Middlesex signe avec la major, se payant le luxe de refuser un ré-enregistrement de l'ensemble de ses chansons dans les studios d'Abbey Road. Il faut dire que son leader, Richard Archer, n'était pas alors vraiment un newbie sorti de nulle part : avec sa voix remarquable, son attitude de jeune punk des suburbs, il s'était déjà distingué, non grâce aux différents singles de Contempo, son premier groupe (1997/2001), mais un peu plus tard par le biais de deux featurings réussis sur le All Soul's Night du duo frenchy Tommy Hools en 2003 (qui lui l'était beaucoup moins soit dit en passant).

A l'instar de quelques premiers albums flamboyants ne laissant derrière eux que des espoirs déçus (comme son généralissime rival de l'époque, The Dead 60's), le second effort de Hard-Fi connut un succès bien plus pondéré, même s'il fut toutefois certifié disque d'argent. Excepté le tube Suburban Knights faisant le lien entre l'esprit reggae rock des débuts et une volonté affichée d'offrir une pop rock sur-produite qui se révélera malheureusement convenue malgré la subsistance ponctuelle d'afterbeats et effets dub en guise de lots de consolation. Il faudra attendre quatre ans pour que le dernier opus en date, Killer Sounds, achève d'anéantir nos dernières espérances.

C'est donc sans conviction que l'on attendait la suite des festivités. Alors que Richard Archer annonçait la sortie rapide d'un quatrième album dès l'année suivante, on apprenait en mai 2013 que le guitariste Ross Phillips quittait le navire, mais que six des onze titres inédits étaient déjà dans la boîte. Janvier 2014 : ce sera finalement le Best Of présenté ici même qui paraîtra. Les mauvais esprits pourront penser à l'ultime acte honorant le contrat avec la major américaine, les naïfs à une mise au point décennale...
Quoiqu'il en soit, faisons une rapide présentation de l'objet discographique sus-cité. Avec 19 titres présentés de façon chronologique, on retrouve, dans l'ordre, sept morceaux de 2005, cinq de 2007, cinq de 2011, un inédit et un remix électro dance. Nul besoin de répéter les assertions mentionnées plus haut tant ce Best of confirme la lente décadence du groupe. Cerise sur le gâteau, Move Over, pourtant jolie ballade dans l'esprit rythm'n blues si éloignée de l'esprit Hard-Fi, marque bel et bien l'errance de ceux qui auraient pu être un grand groupe de reggae rock à la sauce british.

Espérons que l'avenir contredira ce sombre présage.