Johnny Foreigner

Johnny Foreigner est le genre de groupe qui ne devrait pas plaire aux nationalistes si l’on s’en tient à l’origine de leur nom, expression péjorative désignant toute personne d’origine étrangère vivant en Angleterre.

Johnny Foreigner Vs Everything est le troisième album de ce trio punk pop venu tout droit de Birmingham. Bien que proposant une musique impulsive, faite de saturations ornementées de mélodies pop, Johnny Foreigner ne sombre jamais dans la facilité, comme ont pu le faire certains groupes quasi-similaires que l’on retrouvait régulièrement sur MTV il y a presque dix ans maintenant. Et s’il y a bien une chose à louer chez eux c’est la volonté de faire une musique qui leur ressemble, ne cherchant pas à surfer sur une vague, entre Hoobastank et Fall Out Boy, qui aujourd’hui n’est (heureusement) plus.
Une ressemblance évidente avec les groupes sus-cités, et c’est dès la première chanson que l’on s’en rend compte. If I'm The Most Famous Boy You’ve Fucked, Then Honey, Yr In Trouble est le genre de titre incisif (et plein d’humour) que ces groupes avaient l’habitude de pondre. A une différence près. Le groupe n’en fait pas des caisses et boucle intelligemment le morceau en deux minutes et des poussières. On retrouve la même recette pour le titre suivant, With Who, Who And What I’ve Got, guitare saturée sur fond de batterie mitrailleuse.

Le trio enchaîne ensuite sur 200X, un titre plus pop, proposant des harmonies suaves et limpides, où s’entremêlent les voix de Alexei Berrow, le guitariste et chanteur, et de la bassiste Kelly Southern, comme dans presque toutes les chansons, comme dans Johnny Foreigner Vs You, balade dépouillée, jouée au piano, soulignant malheureusement autant leur sincérité que la pauvreté technique de leurs voix. Globalement l’album est plutôt bien équilibré, on passe de l’énergique à la douceur, le tout parsemé de titres ambient, Concret1 mettant en scène une jeune femme lisant un texte sur fond sonore urbain et crépitement de vinyle tournant à vide, alors que sur Concret2 ce sont plusieurs voix lisant un texte dans une atmosphère nocturne, comme dans un rêve.

Le mélange des douceurs pop et des rugosités punk est réussi en général (Supermorning, (Don't) Show Us Your Fangs, Doesn’t Believe In Angels), mais l’album pêche par un manque de créativité latent que l’on ressent vers la fin, après dix-sept titres qui auraient pu laisser penser que le groupe privilégie la quantité à la qualité. Mais finalement, il n’en est rien, et ce Johnny Foreigner Vs Everything mérite que l’on s’y attarde.