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Fanfarlo

Rooms Filled With Light

Fanfarlo - Rooms Filled With Light
Chronique Album
Date de sortie : 27.02.2012
Label : Atlantic
45
Rédigé par François Freundlich, le 3 mars 2012
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La Fanfarlo de Charles Baudelaire débute en décrivant « l’homme des belles œuvres ratées », citation que les londoniens du même nom, ayant signé le très remarqué Reservoir en 2009, n’ont pas du remarquer. La pop orchestrale de leur premier album sonnait comme la réponse britannique à Arcade Fire. Elle en a émerveillé plus d’un avec ses envolées lyriques et la qualité de ses mélodies. L’exercice du deuxième album en est d’autant plus redouté, l’espoir est grand de ressentir ce même sentiment de force et de clarté accrochant la chair.

A l’écoute fébrile de Room Filled With Lights, on est d’abord intrigué, puis bien vite rassuré. Intrigué car il semble que le groupe ait décidé d’entretenir un certain mystère dans l’ouverture de ses chansons, les faisant évoluer lentement avant d’en dévoiler un refrain sonnant souvent comme une libération. On retrouve alors cette évidence dans les sonorités en s’apercevant que Fanfarlo n’a rien perdu de ses violons épiques et de ces mouvements saccadés dans les mélodies. Comme un supplément d’âme, ils y ont ajouté une urgence ainsi qu’un brin de folie dans leur son.
Dès le titre d’ouverture, Replicate, on ressent presque une consonance dramatique dans ces cordes répétées et dans la voix d'Amos Memon, sonnant comme un appel au secours. La base classique du violon est perceptible, mais les morceaux évoluent néanmoins dans une certaine modernité, marquée par une énergie aisément palpable. Fanfarlo prouve encore une fois qu’il est possible d’ajouter cette base classique dans la pop sans sombrer dans le cliché ou le démodé. On ressent alors pleinement la voix déchirante d’Amos, parfois doublée par les chœurs de Cathy Lucas et son violon, à la fois épique, sombre, printanier mais à chaque fois fulgurant. Ces cordes se font parfois discrètes mais lorsqu’elles raisonnent, elles marquent toujours le moment où tout s’emballe, l’émotion prenant le dessus sur le reste. De plus, les arrangements mélangeant piano, synthé, mandoline ou glockenspiel sont toujours aussi soignés et frisent la perfection.

Room Filled With Lights est scindé en deux parties distinctes et la force de cet album se trouve également dans sa composition. Les cinq premiers morceaux sont des tubes pop imparables, simples dans leurs approches mais complexes dans leurs mélodies. Fanfarlo aime à évoluer dans des crescendos sublimés par des explosions finales jouissives et joyeuses, laissant le sourire aux lèvres comme sur Desconstruction. Parfois tout en retenue comme sur Shiny Things où la basse évolue seule, des cuivres enlevés et un synthé prennent ensuite le relai pour nous faire comprendre la substance de la chanson. Cette première partie se termine sur la magnifique Tunguska, nom bien connu des amateurs d’X-Files. C’est dans cette ville russe qu’a été enregistrée la plus grande explosion connue de l’ère humaine en 1908. Les cuivres chaleureux et la rythmique lente marquent pour nous une explosion émotive. Le refrain répété rappelle les meilleurs morceaux d’un Beirut. Les chœurs féminins trouvent le juste équilibre pour accompagner cette voix particulière qui se suffirait à elle même, sans jamais trop en faire.
Everything Turns est un court morceau sonnant comme un entracte avant d’aborder la face plus folle de Fanfarlo. Les chansons partent alors dans toutes les directions, du piano-bar de Tightrope, aux synthés électro pop dansants de Dig. L’orchestre s’évade vers une pop déstructurée n’obéissant plus aux codes classiques auxquels ils pouvaient se rattacher, comme Of Montreal a pu le faire dans ses dernières livraisons. Les mélodies sont parfois masquées par ce fourre-tout mais nous transportent dans une surprise permanente pour un album qui ne livrera tout ses secrets qu’au bout d’un certain nombre d’écoute. Quelques cloches le concluent, comme pour nous rappeler à lui très rapidement.

Examen de second album plus que réussi pour Fanfarlo qui laisse pénétrer une lumière joyeuse dans nos chambres, remplie de pépites solaires et inspirées. Il faudra désormais compter avec les anglais qui prouvent qu’ils ne se limiteront pas à leur très bon premier album. Ils parviennent ici à le surpasser avec un disque qui marquera à n’en pas douter cette année musicale.
tracklisting
    01. Replicate
  • 02. Deconstruction
  • 03. Lenslife
  • 04. Shiny Things
  • 05. Tunguska
  • 06. Everything Turns
  • 07. Tightrope
  • 08. Feathers
  • 09. Bones
  • 10. Dig
  • 11. A Flood
  • 12. Everything Resolves
titres conseillés
    Tunguska, Deconstruction, Replicate
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