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Interview publiée par Caroline Dall'o le 6 mars 2014

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Alors que leur troisième album, Let's Go Extinct, venait de poindre son nez en ce début février 2014, le groupe de Simon Baltahzar proposait de découvrir en live leur nouvelle collection de chansons quelques jours plus tard sur la scène parisienne de La Maroquinerie. L'occasion de revenir avec le bassiste Justin Finch sur l'histoire de cette formation qui a connu ses grandes heures en 2009 avec un premier album pop éblouissant (Reservoir), comprendre ses liens avec l'indépendance, l'Islande et Arcade Fire.

Deux ans seulement séparent les sorties de Rooms Filled With Light et Let's Go Extinct, ce qui est assez rapide comparé au temps qu'il vous avait fallut entre Reservoir et ce second album. De plus ce furent deux années marquées par une tournée internationale, la sortie dès octobre d'un EP de six titres et un enregistrement de seulement dix jours...

Ce qui s'est passé avec Rooms Filled With Light a été assez difficile pour nous. C'est un album négatif : nous étions en colère, avec cette sensation d'avoir été à la fois trop gâtés et abîmés par une major (Atlantic Records, ndlr) avec laquelle nous nous sommes sentis pris au piège. De plus, l'accueil de ce disque n'a pas été très bon. Je pense que nous sommes sortis émotionnellement très rapidement de cette période, et c'était nécessaire. Et cette sorte de « renaissance » nous a permis de retrouver cette joie d'être et de jouer ensemble, d'aller de l'avant. Nous avions cette volonté de faire dorénavant les choses par nous-même, sans producteur, sans intermédiaires. Nous possédons au sein du groupe toutes les forces pour créer et enregistrer, et c'est ce qui est ressorti de l'écriture et l'enregistrement de cet album. Les chansons sont sorties naturellement et facilement. C'est pourquoi tout a été très vite. Toutefois, il faut savoir que Let's Go Extinct a été enregistré il y a presque un an, et que sans tous ses problèmes d'administration que nous avons rencontrés, il y a longtemps que nous aurions pu le publier. Si c'était possible nous aimerions pouvoir sortir un disque par an. Ce qui sera peut être le cas dans le futur, qui sait ?

Pourquoi dites-vous que l'époque de Rooms Filled With Light a été négative ?

Cet album a été pensé et écrit en réaction au premier. Il a été cette étape essentielle pour nous affranchir de ce qui avait été véhiculé à notre sujet. Un peu comme un thérapie. A l'époque de Reservoir, nous avons tourné à travers le monde avec Mumford And Sons. Les gens nous comparaient ensuite tout le temps à eux. On n'en pouvait plus. Puis, ce fut la référence obligatoire à Arcade Fire. Cette musique a été importante pour nous, bien sûr, mais il y a dix ans. Cela a duré vraiment très longtemps car il faut se souvenir que nous avons fait nos premiers concerts en 2006 avec les chansons de Reservoir et qu'elles nous ont suivis pendant des années ! Et à un certain moment, nous ne pouvions plus les écouter, elles ne correspondaient plus à ce que nous étions en tant que musiciens. Chaque disque a sa personnalité musicale propre, et nous étions tellement loin de ce qui ressortait des premières chansons alors qu'il nous fallait encore les jouer sur scène. Alors quand est arrivée le moment de composer et d'enregistrer Rooms Filled With Light, nous étions comme des gamins énervés et nous avons décidé de jeter le violon, la mandoline... Et au final, il ne restait même plus une guitare sur les pistes, juste des synthés ! On sentait bien qu'il manquait quelque chose, on en a d'ailleurs ajoutées en fin de compte, mais à ce moment précis c'était une question de fierté. Pourtant je pense, et tous les autres membres du groupe également, que ce disque était bien meilleur que le premier.

Vous êtes maintenant libérés de votre contrat avec Atlantic donc ?

Oui, après le premier album, les problèmes ont commencé à surgir. Le fait est que notre premier disque ne s'est pas vendu autant qu'ils le voulaient. Ils nous ont donc donné de l'argent pour en faire un deuxième et nous ont dit « bon vent » ! Pour celui-ci nous avons monté notre propre label (« New World Records ») afin de le sortir à travers le monde. Aux États-Unis, il est sorti via de petits labels indépendants (principalement Orchad Records, ndlr). Pour le management, nous partageons la même structure avec Sigur Rós et Savages. Nous sommes une petite famille. Mais les choses ne sont pas faciles pour autant : être signé sur une major permettait d'avoir un gros budget, beaucoup d'argent à disposition, ce qui est totalement l'inverse lorsque l'on est indépendant !

Quel est ce lien d’ailleurs avec Sigur Rós ?

Ils habitent à Londres et c'est là que nous les avons rencontré à nos débuts. Ils appréciaient notre musique, nous ont soutenu et présenté à leur manager qui nous drive depuis. Il y ensuite des liens artistiques plus larges : nous avons travaillé avec Inga qui avait fait leurs pochettes et qui a travaillé sur les notre. Sur la photo qui illustre la pochette de notre premier album, on peut voir deux jeune-filles. L'une d'elle est Sigur Rós, celle qui a inspiré au groupe son nom...

Vous avez une nouvelle batteuse ?

Oui, elle s'appelle Valentina. C'est une excellente musicienne italienne qui vient du jazz. Elle était l'élève du batteur du groupe italien progressif des années 70, Goblins, assez mythique en son pays. Elle a joué avec Bat For Lashes et d'autres très bons groupes. Elle nous a rejoints il y a un an environ quand on commençait à penser la version de live de cet album. J'espère qu'elle sera avec nous pour l'enregistrement du prochain album.

Tu as déjà répondu en partie à cette question, mais comment précisément avez-vous décidé des orchestrations de ce disque ?

Si Rooms Filled With Light était un album de haine, Let's Go Extinct est un album d'amour. Le précédent étaient pensé en réaction à tout ce qui pouvait être traditionnel, là au contraire nous avons renoué avec cet aspect pop qui plaît. On ne se refusait rien : si ça nous tentait, on essayait, si le résultat nous plaisait, on gardait. Cela s'est fait de manière très simple ! Nous nous fichons désormais de sonner comme Mumford And sons ou Arcade Fire, nous n'écoutons plus cette musique depuis tellement d'années, qu'il est impossible que nous ayons été influencé de quelque manière que ce soit.

Concernant plus précisément les orchestrations et le choix d'instruments, comment cela s'est-il passé ?

Je disais que l'album avait pris dix jours à être fait, mais en fait ils nous ont servis à mettre en place toutes les fondations des morceaux : batterie/basse/guitare. Nous avons ensuite traîné nos guêtres dans cette maison du Pays de Galles pendant encore une semaine à essayer des choses, à construire les chansons. Il n'y avait aucune règle préétablie, mais pour être honnête, c'est Cathy qui joue les parties de mandoline, violon, claviers que l'on entend. Personnellement, je ne joue que de la basse, parce que c'est ce que je sais faire de mieux !

Et pour les cuivres, il ne s'agit pas de claviers, non ?

Non, non, ce sont des vrais ! Simon joue du saxophone et Leon joue d'une multitude d'instruments à vent.

Comment avez-vous réussi à adapter ces titres très travaillés à la scène alors que vous n'êtes que six ?

Nous avons une ou deux pistes enregistrées avec des cuivres dessus, mais on a essaie de jouer tous les instruments sur scène. Pour savoir, il faut venir nous voir en concert !