Chronique Album
Date de sortie : 28.05.2012
Label : Pil Official
Rédigé par
Jean-Christophe Gé, le 28 mai 2012
L'autre groupe mythique de John Lydon revient avec un album. Le vieux punk est souvent accusé de trop aimer l'argent et d'avoir reformé ses groupes Sex Pistols puis PiL depuis deux ans pour des tournées avant tout rémunératrices. D'après l'accusé, c'est justement le business qui les a empêchés de jouer ensemble depuis vingt ans, un long combat contre leur maison de disques. Et c'est finalement de la grande consommation que viendra leur salut, John ayant trouvé les fonds nécessaire à la réunion en faisant une publicité pour du beurre. Peu importe la plaquette pourvu qu'on aie l'ivresse.
Le groupe a ainsi commencé par reprendre les tournées, et de ce que l'on a pu en entendre, PiL prennent un sacré plaisir à jouer leurs morceaux sur scène. Plaisir qu'ils ont décidé d'étendre au studio.
Le titre ouvrant l'album s'appelle sobrement This Is PiL pour ceux qui ne l'auraient pas compris. La production est minimale et le son très brut, on a l'impression d'écouter la répétition du groupe pour un concert. Ce morceau est d'ailleurs parfait pour ouvrir un set avec sa construction en breaks, et ses gimmicks de basse ou de batterie. Le second morceau rassure sur la consistance de l'album. One Drop, choisi comme single, est un morceau sautillant presque ska durant lequel le groupe précise « we are teenagers ». Ce n'est pas faux, même si depuis 1978 le groupe est plus que majeur, ce qui ne veut pas dire adulte pour autant. La voix est un peu cassée et la guitare démontre un bel effet de flanger pour un son qu'on ne connaissait pas pour PiL, généralement plus tranchant voire strident.
A mesure que le disque avance, l'ambiance évolue et devient plus produite, travaillée et psychédélique. Le rêve éveillé I Have Been Dreaming ouvre la deuxième phase du disque par une ballade quasi improvisée d'un somnambule. Elle appartient plus à l'univers de The Cure, tout comme les riffs de guitare de It Said That. PiL, qui n'ont jamais eu peur de rien sauf peut-être des maisons de disques, sortent en 2012 un album très différent de leurs productions précédentes. Après vingt ans d'absence, le groupe ne prend pas vraiment un risque : leurs fans ne les attendaient plus et, de toute manière, John fait de la musique avant tout pour lui même. Le bonus, c'est qu'il a du talent, et son groupe aussi.
C'est quand l'auditeur est résigné à voir PiL renaitre, mais dans un autre registre que celui qui lui était familier, que le groupe retourne à ses classiques. Ce disque qui commence comme un concert, joue le même effet de surprise que celui d'un artiste jouant ses plus vieux titres en rappel. Il faut attendre Lollipop Opera pour écouter une chanson avec les ingrédients classiques d'un morceau de PiL : une folie incontrôlable, des rythmes tribaux et Johnny Lydon dans son costume de clown rebelle. Paradoxalement, le morceau le moins écrit de l'album est aussi celui qui ressemble le plus à un exercice de style. Un titre réussi mais qui n'apporte rien à la discographie du groupe et finalement le meilleure faire valoir pour ce vrai nouvel album. Dans cette troisième et dernière phase dédié aux classiques, le groupe va jusqu'à reprendre un duo basse-guitare sur Fool qui aurait pu figurer sur l'un de leur deux premiers albums. La boucle est bouclée.
PiL, sous leurs airs de punks dilettantes et égoïstes, respectent trop leur public pour sortir des albums prétextes. On peut donc le dire : PiL est de retour, This Is PiL !