Attention, voici encore un groupe de post-punk, mais cette fois-ci au sens originel du terme puisque Public Image Limited alias PiL ont inventé le style quand John Lydon a fondé le groupe sur les cendres des Sex Pistols. Le post-punk était né, littéralement ! Après huit albums et au moins deux fois plus de line-ups différents, le groupe s'est éteint une première fois en 1993. Il réapparaît en 2009 dans sa forme actuelle, le rythme de publication des albums est plus espacé, mais la qualité toujours là.
Le onzième album de PiL sort ce 11 août, précédé par des singles étaient sorti les 11 avril et 22 juin. A ce niveau de précision et de régularité, le public peut s'attendre à ne pas être surpris. Comme prévu, End Of World est donc un album de Pil très classique. On y retrouve le chant caractéristique de John Lydon, mélange de yodel, de chœurs et de phrasé parlé, la section rythmique très en avant, et la guitare qui s'essaie à tous les styles, que ce soit pop, rock, dub ou funk, du moment que c'est incisif.
Dans un monde en mutation, ou en perdition selon votre niveau d'optimisme, se retrouver en terrain connu peut être rassurant, voire confortable, même si c'est tout ce que la musique de PiL n'est pas. Le génie de cet album est autant de surfer sur les paradoxes que de s'affranchir de toutes pression d'innovation ou de continuité. La mémoire et les souvenirs servent de boussole au groupe pour ne pas se perdre en route.
L'écriture de l'album a commencé en 2018 alors que le groupe tournait pour célébrer ses quarante ans d'existence. Entre la sortie du documentaire The Public Image Is Rotten, celle de son troisième livre I Could Be Wrong, I Could Be Right et les confinements, John Lydon et son groupe ont eu plus d'une occasion de faire leur introspection et de ressasser le passé. Impossible de ne pas mentionner la double disparition de Nora, la femme de John Lydon, dont la mémoire a d'abord été emportée par Alzheimer, avant de s'éteindre en avril de cette année. C'est aussi ça la fin du monde.
Dans ce patchwork apocalyptique, on est pris entre brûlots contre la société (Being Stupid Again, L F C F) et morceaux profondément touchants (Strange, Down On The Clown). Il se termine par Hawaï, une lettre d'amour ouverte à Nora et qui fait référence à un souvenir de vacances qu'ils chérissent. La chanson aurait pu représenter l'Irlande à l'Eurovision, mais le monde n'était pas prêt. Nous, si !