The Very Best

Il y a trois ans, le duo de producteurs Radioclit et le chanteur malawite Esau Mwamwaya remettaient sur le devant de la scène l’appropriation de la musique africaine par les musiciens occidentaux.

En invitant Ezra Koening de Vampire Weekend ou encore M.I.A. sur Warm Heart Of Africa, le groupe bouclait la boucle, en intégrant des éléments de rock indie et de touches synthétiques à son noyau issu des rythmes traditionnels d’Afrique centrale et australe. Si à la fin des années 2010, la musique tropicale semblait en pleine ascension, la tendance s’est quelque peu dissipée, avec un retour à un classicisme de genre (garage, prog, rap old-school) ou à l’immersion dans la globalisation électronique de la musique contemporaine.

The Very Best n’échappent pas à cette dernière propension, car de l’écoute de MTMTMK ressort une forte identité électronique, à l’orientation dance beaucoup plus forte que sur le premier album. Peut-être est-ce dû au départ de l’un des deux membres de Radioclit, laissant Johan Karlberg et Esau Mwamwaya seuls aux commandes du groupe. Peut-être est-ce dû à une volonté d’occidentaliser le son du groupe. Peut-être l’accoutumance aux rythmiques africaines ces dernières années a dilué son originalité. Tout du moins, MTMTMK s’immerge allègrement dans la tropicalia dance (le tube Kondaine), la deep house (le bon Rumbae) ou la dance house (le nettement moins bon Rudeboy), se donnant une vitalité quelque part plus artificielle que le cœur même de ce qui fait la force musicale du groupe. Pas nécessairement moins bonne en terme de qualité, car MTMTMK s’écoute d’une traite ; mais les temps forts sont disséminés, et avec une certaine hétérogénéité.

Passée cette approche moins linéaire, ce nouveau disque de The Very Best demeure néanmoins une bonne avancée dans la globalisation musicale. Ainsi le cœur de l’album (la rétro-moderne Yoshua Alikuti, Bantu avec un featuring d’Amadou & Mariam ou la dub Mghetto), dans une veine plus traditionnelle, est bien plus évocateur et intéressant que ses franges plus unitaires et morcelées. The Very Best, avec ce MTMTMK bariolé et dansant, donnent surtout une folle envie de réécouter le Graceland de Paul Simon et l’Alegranza d’El Guincho, simultanément.